Un cri

Larme

Un cri

C’est une douleur qui s’échappe doucement,
Une émotion qui dépasse de l’intérieur,
Une blessure qui saigne tendrement,
Une voix, là, derrière la peur.

C’est un mot qui bouscule le silence,
Un sourire qui cache mal les maux,
Une histoire enfouie sous l’enfance,
Un regard qui s’envole en morceaux.

C’est une larme sous la pluie,
Une souffrance qui surgit,
Une peine qui sort de l’oubli,
Un cri.

Pleurer est un cri qui coule lentement.

jp

 

Peinture: Van der Weyden, Détail de Déposition de croix

 

Visites Matinales

 

Depuis le début du mois, chaque jour, entre 5h et 7h, un groupe de cerfs passe autour de la maison.  Après la chute de leurs bois (dans la neige de fin avril) cela repousse vite, avec un velours protecteur du plus bel effet. Méfiants, sur leur garde, mais pas si farouches. Quand le réveil a quelque chose de magique.

jp

Six mots

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Six mots, c’est tout, rien d’autre,
Exprimer des choses, dire, penser, partager,
Jouer avec les mots, sans paraphraser,
Imaginer le roman qui se cache.

On y joue ici sur: 6mots.com
Des mots pour guérir nos maux, (1)
Puis, six mots après six mots,
On dirait qu’une histoire se forme!

J’ai joué, et assemblé mes mots,
Puis, assemblé mes phrases de six,
Et… je crois qu’elles vont ensemble,
Sans que je le veuille? subconscient?

Comme si les mots qui viennent ensemble,
Etaient les fragments d’un roman improbable
Sorti de mon cerveau, sans préméditation.

Voilà cette histoire, nue, sans explications:

Elle est enfin là, devant moi…
Je reste sans voix, détruit, anéanti…
C’est ce jour-là que j’ai compris.

Le ciel lourd encourageait ma peine.
C’est fini, j’ai mal, il pleut.
La pluie rendait mes larmes invisibles.
Une larme glissait, ronde et silencieuse.
Je ne savais rien de moi.
Il n’est jamais simple de partir.

Un bruit sourd, puis le silence.
Le silence de l’univers est diaphane.
Le silence souffle à l’oreille: “dépêche-toi!” (2)

Elle avait un visage douloureux, pathétique.
Je me laissais faire, lâche victime.
Elle avait toujours su qui j’étais.

Un bruissement traversa la pièce vide…
Ces cris habitaient mes nuits blanches.
C’est un enfant qui sourit tristement.
Il me dévisageait, lisait en moi.
Et pourtant, son regard faisait mal.
Suis-je encore capable de naïveté?

Seul le courage mérite un destin.

jp

Photo d’illustration empruntée au site Slate.fr
(1) Inspiré par M.C. Solar
(2) Inspiré par Romain Gary

La promesse de l’aube

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23 janvier 2012.

En cette nuit de Nouvelle Lune, le ciel est au rendez-vous. La Voie Lactée griffe le ciel comme lors d’une belle soirée d’été; il fait d’ailleurs bien doux en cette fin janvier! Je suis heureux d’être sous les étoiles, et encore plus ce soir car je suis accompagné. J’observe le plus souvent seul, mais il est des compagnies qui transcendent le plaisir, qui rendent l’instant exceptionnel.

Mon compagnon est une vieille connaissance, bien plus encore, et aussi mon maitre en terme d’Astronomie. Les circonstances de la vie nous empêchent de nous voir plus souvent, mais il n’est pas un objet dans le ciel qui ne me rappelle une nuit, une discussion, un regard, un instant partagé. Il faut dire que les discussions nocturnes sont intenses car silencieuses, profondes car intemporelles, touchantes car pleines d’émotion.

J’ai affaire à un spécialiste, inutile d’essayer de le surprendre, de l’épater. Je veux simplement me promener avec lui dans le ciel, je sais que chaque objet sera l’occasion de regards qui brillent, de sourires entendus, de plaisirs dont la rosée perle au coin des yeux. Je sens son oeil amusé me voir déplacer cette étrange machine, ce tube sans repères, sans cercles, sans coordonnées; et lorsque je m’arrête sur Orion, une tape sur l’épaule me dit qu’il aime cette simplicité. M42 est un beau commencement, l’oiseau majesteux, paré de rouge et de vert, plane. La turbulence fait trembler le trapèze, mais le spectacle nous rappelle ces nuits d’hiver où le Mistral ne parvenait pas à nous décourager de prolonger ces instants, où nos mains gelées ne sentaient pas le froid. L’oeil à l’oculaire nous survolons IC 434 dans les parages de la Tête de Cheval. Le silence me parait toujours plus profond à cet endroit. Et c’est bien, car j’entends alors nos pas sur les marches métalliques de l’observatoire.

Je redresse le tube et nous voià dans les Gemeaux. En un instant je suis sur la nébuleuse planétaire de l’Esquimau (NGC 2392). Elle ne montre pas beaucoup de détails ce soir. Nos regards se croisent lorsque j’enlève mon oeil de l’oculaire. Le sien brille, je crois y lire un peu de fierté de me voir si à l’aise dans le ciel. En direction de Castor et Pollux, j’arrête le tube sur NGC 2371-2, une nébuleuse planétaire “double” en quelque sorte. Elle est assez brillante, et l’on voit nettement les deux lobes blancs, à défaut de centrale. Mon compagnon apprécie cette vision presque “galactique”. Puis, nous passons voir ce duo si attachant: M35 et NGC 2158. Il nous rappelle une nuit de fin d’été, non loin de la vallée des Merveilles. Ce soir là, pour tester un miroir non encore alluminé, nous avions écumé les amas d’étoiles. Le miroir était bon, et le plaisir grand. Nous y repensons en même temps, pas la peine de finir nos phrases.

Il semble donc naturel de passer voir les amas ouverts du Bouvier tout proche. M36, puis M37 dont la centrale orangée est toujours une merveille. Et puis NGC 1893, pour finir par la Flaming Star Nebula, un peu éteinte ce soir mais que le filtre OIII nous montre quand même.

La Licorne est basse mais je veux montrer NGC 2301, cet amas unique, en forme de “T”. Je remarque du coin de l’oeil un petit sourire admirateur sur les lèvres de mon maitre. Et puis, il déplace le tube vers le nord, pas très loin, pour se poser sur la Rosette que l’on voit si bien dans le ciel. Et je sais pourquoi il veut m’emmener par là. Il y a bien longtemps, une nuit de printemps, en attendant une comète, la plus belle qui me fut donné de voir à ce jour, il m’avait montré cette nébuleuse pour la première fois. Les souvenirs se bousculent dans nos têtes, et nous sommes bien d’accord: quelle merveille de Comète!

Avant que le ciel ne s’éclaire à nouveau (il est bientôt 5h), je veux que nous observions ensemble quelques galaxies. La Grande Ourse est toute indiquée: M81 et M82 sont belles sans être exceptionnelles, puis le couple M108-M97 nous rappelle cette nuit où je découvrais les galaxies (et cette nébuleuse planétaire) pour la première fois. “Tu ne vois pas parce que tu regardes trop vite”, nous rions de bon coeur.

Pour finir, nous passons un court moment dans les Chiens de Chasse: M51 nous montre le pont de matière et ses deux grands bras, puis M106 nous cache son escorte, le ciel est trop clair. Alors je me souviens de l’autre passion (en dehors des galaxies) de mon invité pour les étoiles doubles, et pointe sans hésiter Cor Caroli. Il observe le couple, sa main posée sur mon épaule, je sais ce qu’il voit, et ce qu’il ressent; je n’ai pas besoin de regarder dans l’oculaire, je lève simplement la tête vers le ciel, en souriant.

L’aube s’approche, nous allons rentrer. Je me pose une question à propos de la petite nébuleuse planétaire Jonckheere 900 que j’ai essayé en vain de voir. “Il faut grossir au minimum 300x”. Il faudra que je m’en souvienne.

C’était une nuit spéciale, en bonne compagnie, un moment rare. Je me fais la promesse de recommencer.

jp

Photo: Comète C/2007 N3 (Lulin) par Johannes Schedler, Visitez son site http://panther-observatory.com/

A la rencontre de Leonard Lomell

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17 juillet 2011. Depuis le matin, les grains se succèdent, violents. Le vent tourbillonne, et la pluie cingle le visage. Le sol est détrempé, la boue colle aux semelles. En quelques minutes, mon jeans est trempé. Mais cela ne me dérange pas; il est des lieux où l’on accepte de souffrir un peu. Bientôt j’aperçois la mer. Elle est grise comme le ciel, ce qui fait ressortir l’ocre des falaises calcaires qui se dressent devant elle.

L’endroit est presque désert, seuls quelques touristes arpentent la lande, escaladent les blockhaus, l’appareil photo à la main. Le silence règne, seulement brisé par quelques éclats de rire qui semblent immédiatement déplacés.

Au sol, des cratères de taille variable témoignent de la force des évènements qui se sont déroulés ici. Une ligne de fils de fer barbelés court sur le bord de la falaise: sécurité ou volonté de conserver les lieux tels qu’ils furent ? Je suis du regard cette ligne brisée, hérissée de pointes rouillées. Puis, près d’un poteau, une tache colorée. Je m’avance. Un petit drapeau américain est là, au ras du sol. Je m’accroupis pour lire la petite étiquette blanche accrochée à la pointe dorée qui termine cette mini-hampe: “Sergent Chef Leonard Lomell. 2ème Bataillon de Ranger US. 1920-2011.”

Un rapide calcul, Leonard avait 24 ans en 1944. Et il a donc quitté ce monde il y a seulement quelques mois, à l’âge de 91 ans. Je reste songeur, pourquoi ce petit drapeau ? Pourquoi lui ? En effet, sur les 225 rangers qui ont investi cette falaise, seuls 90  en sont sortis vivants. Une stèle rend d’ailleurs hommage à tous ces jeunes hommes un peu plus loin. Puis, je me dis que ces évènements ont tellement marqué ceux qui les ont faits, qu’il a peut-être voulu rejoindre ses camarades, être un peu là où ils sont tombés. A moins que sa famille n’ait souhaité lui rendre ce dernier hommage ?

Qui était Leonard Lomell ? Cette question m’a habité une partie de l’été. Quelques recherches plus tard, voici ce que j’ai trouvé, voici pourquoi son histoire est liée à la nôtre, pourquoi ce discret petit drapeau est si important:

Leonard est né le 22 janvier 1920. On sait peu de choses de sa naissance, mais il fut adopté, bébé,  par un couple d’immigrants scandinaves vivant à Brooklyn. Quelques années plus tard, ses parents adoptifs vécurent dans le New Jersey, à Point Pleasant où il fit ses études. En 1941, ses études terminées, il travaille dans une compagnie ferroviaire, avant de rejoindre l’armée. C’est à ce moment qu’il rencontre sa future femme Charlotte. Mais en 1942, il se porte volontaire pour rejoindre les Rangers, et intègre en 1943 le second bataillon de Rangers, spécialement créé pour intervenir en Europe.

Le 6 juin 1944, la mission des compagnies Dog, Easy et Fox du second bataillon des Rangers est capitale, et extrêmement périlleuse. Il s’agit de prendre le contrôle de la Pointe du Hoc et surtout des cinq pièces d’artillerie de l’armée allemande, des canons de 155, les plus puissants du secteur. Capitale, car depuis la Pointe du Hoc les canons allemands peuvent couvrir deux des plages du débarquement allié: Omaha Beach et Utah Beach.  Périlleuse, car pour prendre le contrôle de ces pièces d’artillerie il faut escalader, depuis la plage, des falaises de 30m de haut, sous le feu de l’ennemi.

A 24 ans, le sergent Lomell assure le commandement de la compagnie D (Dog) dont la mission exclusive est de s’emparer des dits canons.   Ses hommes atteignent le pied de la falaise après avoir été largués un peu plus loin que prévu de la côte; ils doivent d’abord nager pour atteindre la plage. Dès son débarquement, Leonard est blessé aux côtes par un tir ennemi, mais il continue néanmoins sa progression jusqu’à la plage. A l’aide de deux échelles, il atteint avec onze de ses hommes le sommet de la falaise. Les bombardements alliés qui ont précédé le débarquement ont complètement transformé le paysage que les Rangers ont du mal à reconnaitre: Leonard dira que cela ressemblait à un paysage lunaire.

Après quelques hésitations, les emplacements des canons de 155 sont identifiés, mais… les canons ont disparu. Lomell pense que les Allemands les ont cachés pour les préserver des bombardements. Il cherche aux alentours, sous la mitraille ennemi, et finit par apercevoir des ornières qui semblent indiquer le passage de lourds engins. Avec le sergent Kuhn, ils suivent les traces et découvrent les canons un peu plus loin dans un verger. Ils placent des grenades silencieuses dans les fûts des canons pour les saboter. Il leur faudra effectuer quatre aller-retours entre la falaise et les canons pour aller chercher plus de grenades et finir le travail, toujours sous le feu des Allemands. Avant 9 heures du matin, la mission est accomplie, le 2nd Bataillon de Rangers a anéanti les 5 canons de 155; le débarquement sur les plages d’Omaha Beach et Utah Beach peut commencer.

Les Rangers en ont payé le prix fort, avec seulement 90 survivants sur 225 hommes. Leonard Lomell dira “avoir eu de la chance” de découvrir l’emplacement des canons, mais son action fut capitale dans l’opération, et il n’est pas exagéré de penser que le succès du débarquement allié doit beaucoup à ces hommes.

Deux ans après, Léonard épousait Charlotte, ils eurent trois filles. Après la guerre Leonard Lomell reprit ses études, devint avocat, puis Directeur de la First National Bank.

Voilà l’histoire de Leonard Lomell. Ce petit drapeau américain cachait bien des choses! Je ne sais pas qui a décidé de le placer là, ni pourquoi, mais j’ose penser que quelque part Leonard Lomell voulait rendre un ultime hommage à ses compagnons du 6 juin 1944.

Lorsque, un peu plus tard, j’ai quitté la Pointe du Hoc pour aller marcher sur Omaha Beach, je ressentais une grande émotion, sachant les sacrifices de jeunes vies que ce sable avait vus. Le cimetière américain, qui surplombe la plage, aligne pas moins de 9 800 croix blanches. Le terrible prix de la liberté.

Aujourd’hui je sais que sans Leonard Lomell, l’Histoire aurait sans doute pris une autre direction.

Si vous passez en Normandie, arrêtez-vous sur la Pointe du Hoc, Leonard Lomell et ses frères en valent la peine.

jp

Nausée

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Tout commence par une belle lumière, une atmosphère paisible, un matin d’été. L’air est doux.  Je sors de l’hôtel et me dirige vers un parc dont les grands arbres, probablement centenaires, m’attirent. Dessous, tout semble calme, à sa place. J’avance d’un pas lent, j’ai déjà oublié la ville. Sur un côté du parc, en lisière, une lueur blanche m’attire; je me dirige vers elle. En m’approchant, je devine un imposant bâtiment. Bientôt, je quitte l’obscurité des arbres pour me retrouver devant l’édifice. Quelques pas de plus, et je comprends ce que je voyais: une verrière blanche illuminée par les rayons du soleil matinal contraste avec les murs noirs de la bâtisse.  J’aime cette lumière diaphane qui enveloppe l’ensemble. Sans elle, je n’aurais sans doute pas remarqué le lieu.

Je promène mon regard sur l’ensemble. Sur la droite, des gerbes de fleurs semblent posées sur les escaliers. Je m’approche, ce sont bien des gerbes commémoratives. Je lève la tête: sur le mur, juste au-dessus des fleurs, une petite plaque avec une inscription; et surtout une date: 10 juillet 1940.

Je reste stupéfait. Le 10 juillet 1940 ? Je connais cette date, mais si je devais en dire quelque chose ce serait plutôt que ce jour-là 569 parlementaires français ont mis fin à la IIIe République en votant les pleins pouvoirs à un Maréchal… Un petit nombre s’y opposèrent, il est vrai.

Je retourne sous les arbres, et continue ma promenade. Le chemin longe une petite rue, elle-même bordée par une longue façade d’immeubles contigus. Le moins que l’on puisse dire est que le quartier est calme. Peu de promeneurs, encore moins de voitures. Un quartier résidentiel sans doute, me dis-je.  Et puis soudain, sur la façade blanche, une inscription au-dessus d’une entrée: “Le Parc”.

J’avance devant la porte vitrée: quelques marches traversent un vestibule sombre, jusqu’à une autre porte vitrée. Je remarque les poignées en cuivre dont l’éclat tranche avec l’obscurité. Je recule dans la rue pour regarder à nouveau la façade. Je crois bien que c’est ici, mais je n’en suis pas sûr.

Et puis, un peu plus loin à l’ombre des arbres du parc, presque en face de l’entrée “du Parc”, une pierre noire. J’avance vers elle, la contourne, et lui fait face. En arrière plan, je vois la façade blanche de l’immeuble “Le Parc”.

Et je lis: “Le 26 août 1942, le gouvernement de l’Etat Français, installé dans cet immeuble à Vichy, a déclenché sur tout le territoire de la zone libre, une gigantesque rafle de Juifs étrangers. Plus de 6 500 d’entre eux, dont des centaines d’enfants, ont été arrêtés ce jour là et livrés aux nazis en zone occupée, d’où ils ont été aussitôt déportés vers le camp d’extermination d’Auschwitz. Au total ce fut le sort de plus de 10 000 juifs étrangers vivant en zone libre. (…) N’oublions jamais.

C’est donc bien ici, derrière ces fenêtres, au premier étage de ce qui s’appelait alors: “L’Hôtel du Parc”. J’ai la gorge serrée. Il fait soudainement lourd. Après quelques minutes, je quitte le lieu et poursuis ma promenade dans le parc. Il me parait encore plus sombre qu’avant. Je marche sans trop regarder ce qui m’entoure, les yeux rivés sur la lumière là-bas, au-delà des arbres, au bout du tunnel, au bout du bout, au bout du cauchemar. J’ai la nausée.

jp

Les charentaises

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Trois jours dans les iles de Charente-Maritime: Ré, Oléron, Aix, Madame. Du vent, du soleil, et de belles lumières. Le bonheur simple!

Première nuit à bord, au port de Soubise, sur la Charente.

Départ à 6h30 le lendemain. On glisse sur la Charente, seuls quelques carrelets nous observent.

7h. On hisse la toile pour finir la descente de la Charente à la voile.

8h. Arrivée dans la baie de La Rochelle. Le Fort Boyard au loin.

Passage sous le Pont de Ré, direction St Martin-de- Ré.

Arrivée à St Martin…

…où l’on passe la nuit.

7h30, le lendemain. Départ “musclé” de St Martin, force 5.

Arrivée à St Denis d’Oléron, après avoir attendu la marée montante pour pouvoir entrer dans le port.

Préparation de la navigation du lendemain.

Couchers de soleil et…  de Lune.

Au réveil, deux beaux gréements non loin de nous.

Dernier coup d’oeil à la carte.

P’tit déj’ sur le pont.

Départ de St Denis bord à bord avec une belle goélette!

En direction de l’ile d’Aix. Au loin, Oléron.

Retour vers l’embouchure de la Charente.

Retour au point de départ, Soubise.

Belle balade, trois jours qui semblent avoir duré bien plus longtemps!

Nuages dans le Cygne

Valberg, le 25 juin 2011.

Première nuit d’été dans mes montagnes. Lorsque je sors le T300 un peu avant minuit, je suis en T-shirt, pieds nus dans mes sabots; l’air est doux, le ciel hésite toujours entre le jour et la nuit, mais pas un nuage à l’horizon. C’est le paradoxe de l’été astronomique: nuits réduites à la portion congrue, mais douceur conviviale. Je sens que je vais passer une belle nuit.

Déjà le Scorpion se dresse au-dessus des montagnes, il semble menacer Ophiuchus aux prises avec le Serpent. Belle entrée en matière me dis-je. Je me dirige vers la nébuleuse planétaire de la Boîte, NGC 6309.  Elle est petite, impossible de la distinguer des étoiles à faible grossissement, mais dès le 13mm (120x) en place, je repère ce regroupement stellaire un peu étrange: trois étoiles entourent un objet dont on voit bien qu’il a quelque chose de particulier. C’est le moment de grossir à 200x: une forme allongée, vaguement rectangulaire, verdâtre, translucide. Bel ensemble que cette forme verte et ces trois étoiles sentinelles.

Ophiuchus héberge quelques amas globulaires que je passe rarement voir. Je vais réparer cet oubli en allant rendre une petite visite à deux d’entre eux: M12 et M14. Visions contrastées, l’un (M12) est riche et résolu sans difficulté, l’image au 9mm (178x) est surprenante de précision; l’autre (M14) est plus discret, dense et d’aspect un peu granuleux, on dirait une image faiblement résolue, qui ne le sera d’ailleurs pas! J’aime cette constellation, je me souviens lui avoir dédié un CROA l’été dernier (Riche comme Ophiuchus).

Je m’éloigne du Serpentaire pour rejoindre les Chiens de Chasse. Il n’est pas de belle soirée d’observation sans galaxies! Je commence par M51, pas mal du tout au 26mm (62x), le pont de matière est net. Mais au 13mm (120x) il devient plus discret, et… invisible au 9mm (178x). Le ciel est propre, pas de turbulence, mais la transparence reste perfectible. Après un passage “obligé” par la belle Cor Caroli, je me dirige vers la galaxie du Cocon (NGC 4490) et la petite NGC 4485 toute proche. Depuis ma dernière nuit sur les pentes du Restefond je les appelle “les madeleines de Michel”. Elles sont douces ce soir, et bien lumineuses,  on les croquerait volontiers ces madeleines! Poussant à peine plus loin en direction de la Grande Ourse, je m’arrête sur ma favorite de l’hiver, NGC 4449, et sa forme rectangulaire, plutôt diffuse ce soir. Et puis un peu plus haut encore, la belle M106, très en forme.

Un petit arrêt sur le seul amas globulaire de la constellation de la Vierge, NGC 5634, relativement brillant mais pas résolu, et me voilà chez Hercule. M13 et sa “crevette” NGC 6207 (un peu comme la crevette compagne de la murène) sont en (très) grande forme. NGC 6207 montre même son noyau et sa robe transparente, je l’ai rarement vue si bien. Puis, direction NGC 6210, la très belle et lumineuse nébuleuse planétaire d’Hercule. Je ne parviendrais pas toutefois à apercevoir sa centrale.

Et puis… et puis, je gardais le meilleur pour la fin: le Cygne, roi de l’été. Albireo bien sûr, et au passage la M27 du Petit Renard et sa translucidité magnifique dans laquelle je me noie volontiers au 9mm, puis l’anneau de la Lyre (M57) qui est d’une netteté fantastique ce soir, sans la moindre turbulence, mais qui ne me permettra toutefois pas de voir sa centrale. Mais surtout, ce qui m’excite ce soir ce sont les nuages du Cygne, ces nébuleuses mythiques , ces filets de brume sur la Voie Lactée. Seul impératif, chausser le filtre OIII sur le Nagler 26mm, et se laisser ainsi porter par ces volutes célestes, ces entrelacements, cette broderie cosmique.

Je commence par la nébuleuse du Croissant (NGC 6888), au large de Sadr, en direction d’Albireo. Le croissant est évident, il flotte sur la Voie Lactée. Il y a de la nébuleuse du Crabe dans ce croissant-là, des filaments bourgeonnent de partout, trois étoiles bien brillantes ornent l’ensemble, au centre et sur les deux bords. Et puis, par transparence, le tapis d’étoile se déroule, il magnifie la vision. Un vrai régal.

Direction Deneb maintenant, et le triangle qu’elle forme avec xi et nu Cyg. Deux monstres nébuleuses sont là, NGC 7000 (North America) et IC 5070 (le Pélican).   Pas faciles de voir ces deux-là dans un télescope, tant elles sont étendues. Souvent, on en aperçoit des bribes, mais il est difficile de reconstituer le puzzle. Sauf certains soirs, sauf hier soir! Pour la première fois, j’ai eu l’impression de voir l’Amérique du nord comme sur les photos; je me suis baladé dans le Golfe du Mexique, j’ai traversé la Floride du nord jusqu’à Key West, je suis remonté jusqu’au Midwest, et même le Canada. Fantastique voyage! La Voie Lactée par transparence préfigure les villes américaines , quel vol de nuit!

Et puis, de l’autre côté de l’océan Atlantique, voilà le bec du Pélican. Je reste un long moment à aller et venir, un vrai bonheur.

Un peu plus bas, sous l’aile gauche du Cygne, m’attendent NGC 6990, 6992, 6995, oui les Dentelles. La double 52 Cyg magnifie la Petite Dentelle: ce petit compagnon ponctuel, un long filament d’un côté, de l’autre un écheveau de crin volant au vent; et presque au centre, 52 Cyg qui éclaire subtilement l’ensemble!  A peine plus loin, le Triangle de Pickering; sa queue est si fournie que le triangle passe plus inaperçu qu’à l’accoutumée.  Après North America, les dentelles sont vraiment fantastiques ce soir. Et que dire des Grandes Dentelles! Cette “patte d’insecte” fourmille de détails, on dirait une macrophotographie de la patte d’une mouche, ou d’une sauterelle. Il faudrait des heures pour en dessiner les contours: ce ne sont que broderies, entrelacements, flamèches, cheveux.  Je suis étourdi de tant de beauté.

Il est bientôt 3h. Il fait 15°, mais je n’ai pas froid. Il est des nuages qui rendent heureux.

jp

PS: La photo d’illustration (NGC 7000 dans le Cygne) est de Johannes Schedler. Visitez son site, en particulier son exceptionnelle galerie sur le ciel profond. http://panther-observatory.com/

Une nuit sur les pentes du Restefond

C’est un lieu exceptionnel, accessible seulement quelques mois de l’année. Dès les premiers virages à la sortie de St Etienne-de-Tinée, on est dans l’ambiance. Le panneau annonce la couleur: “route de haute montagne”. Pour moi qui vit à 1700m toute l’année, c’est quand même un vrai dépaysement: au dessus de 2000m ça n’est plus la même chose.

On s’était donc donné rendez-vous au Camp des Fourches (2291m) avec Gérald, Michel et Pierre: trois habitants de la zone littorale des Alpes Maritimes, mais des habitués du Restefond, et des astronomes expérimentés. Nous étions bien équipés: deux T400, mon T300, et le setup T200 de l’astrophotographe Pierre. Comme Pierre voulait “imager” M83 qui est basse sur le sud, il nous fallait rester sur le versant sud, nous décidions donc de rester au Camp des Fourches.

Le ciel, magnifique toute la journée, allait un peu changer: d’abord quelques nuages montant du sud, puis un vent du nord (mistral) les repoussant à la tombée de la nuit, mais gênant dans les rafales. Malgré tout, le ciel restait quelque peu voilé en tout début de nuit, un voile certes léger mais qui gâchait un ciel que nous avions déjà vu bien meilleur en ces lieux. Heureusement, le vent cessa et le ciel s’améliora, sans toutefois atteindre la qualité dont le ciel du Restefond est capable.

Et puis, en cette époque, le jour ne veut pas partir. Il fallut bien attendre minuit pour commencer à avoir l’impression d’être en haute montagne. Au début, donc, difficile de s’extasier, le ciel magnifique à l’oeil nu était assez décevant dans les instruments: étoiles pâteuses, galaxies pâlichonnes, nébuleuses absentes. Progressivement, les choses allèrent de mieux en mieux, et vers 2h cela commençait à être bien.

Impossible de décrire tout ce que nous avons observé (*), tant nous avons pointé d’objets. Au début, j’explorais le Lion, la Vierge, le Bouvier, le Corbeau et l’Hydre. M83 était discrète, les Antennes visibles mais faibles, le Triplet du Lion s’améliorait au fil des minutes. Déjà le Scorpion pointait le bout du nez,  puis la Lyre et le Cygne. Quel plaisir de les retrouver !  Sans oublier Hercule bien sûr, ni le ciel nord. On a vite le tournis là-haut! A tour de rôle nous décidions des cibles, les Dobsons sont bien les rois: sitôt dit, sitôt dans l’oculaire!

Vers 1h le Sagittaire et son cortège de merveilles entrait en scène. A 2h le Scorpion tout entier se dressait sur les montagnes. Et vers 3h Andromède et Pégase était suffisamment hautes pour passer les voir. Le ciel nord était d’ailleurs le meilleur, M51 finissant par être magnifique vers 2h. Les galaxies des Chiens de Chasse aussi. Michel était content que je lui fasse découvrir NGC 4449, la galaxie “rectangulaire”, après qu’il nous ait montré “ses madeleines” NGC 4490 et 4485. La Baleine (NGC 4631) était belle, alors que la Crosse de Hockey se faisait discrète. Tous les messiers du quartier y passèrent, au T300 et au T400: comparaisons, grossissements, Nagler 26mm, 20mm, ou 13mm (difficile d’aller plus loin vu le ciel), se succédaient, le plaisir pur. On s’est bien régalé quand même!

La Lyre et le Cygne, enveloppés dans la Voie Lactée de plus en plus belle, nous ravissaient. Les Dentelles, le Croissant, quel plaisir de les retrouver et quel spectacle au T400! M27 et M57 aussi; et puis la Blinking, et North America, et M56, et… on arrête pas une minute!

Le Sagittaire nous offrit aussi un beau spectacle. Je retiendrais la Trifide, M22, et surtout M17, ce Cygne/Omega majestueux que j’observais dans trois télescopes en même temps! Pendant que Gérald essayait d’imager avec son T150 et que Michel faisait une pause, je prenais possession des deux T400 et pointais M17 dans le T300 et ses deux grands frères. Pendant une bonne demi-heure je passais de l’un à l’autre: quel spectacle! Outre que M17 état magnifique à cette heure (2h)  j’appréciais les détails dans les T400 de Michel et Gérald, et le gain de définition par rapport à mon T300. Je voyais bien aussi ce qu’apporte l’Hilux puisque le miroir de Gérald n’en possède pas. Je me suis vraiment régalé à détailler cette nébuleuse qui est une de mes préférées.

Lorsque vers 3h30, Gérald et moi pointions M31, je n’avais pas vu le temps passer. Une bonne centaine d’objets plus tard, je n’étais même pas fatigué, mais le ciel s’éclaircissait déjà… Que la nuit est courte fin mai!!!

Voilà. En résumé, un ciel un peu décevant en ces lieux, mais combien l’auraient trouvé merveilleux ?! On s’habitue trop à l’excellence 🙂 Mais, j’ai passé une bien belle nuit, en très bonne compagnie. Vivement, la prochaine!

(*) J’ai finalement décidé d’essayer de mentionner tout ce que j’ai pointé, du moins tout ce dont je me souviens une semaine plus tard!

Andromède: M31/M32/M110

Bouvier: Arcturus, NGC 5466

Cassiopée: M52, NGC 7635

Chevelure de Bérénice: M64, M3, M53, NGC 5053, NGC 4565

Chiens de Chasse: Cor Caroli, M51/NGC 5195, M63, M94, NGC 4485/4490, NGC4449, M106/NGC 4217/4220/4346, NGC 4631/4656

Corbeau: NGC 4038/4039, NGC 4361

Cygne: Albireo, NGC 7000/IC 5070, NGC 6826, NGC 6888, NGC 6960/6992/6995, M27

Grande Ourse: M101,  M97, M108, M81/M82/NGC 3077

Hercule: M13/NGC 6207, M92

Hydre: M83, NGC 3242

Lion: NGC 3681/3684/3686, M65/M66/NGC 3628, MGC 2903, NGC 3190/3193 (H44), M95, M96, M105

Lyre: Vega, T Lyr, M56, M57

Sagittaire: M7, M8, M16, M17, M20, M21, M22, M23,

Scorpion: Antares, M4, M80

Vierge: NGC 3634, Chaine de Markarian, Saturne, M104 (très belle au T400)

:-p

Le retour de la nuit

Il y a un moment que je ne vous ai plus raconté mes nuits sous les étoiles. J’ai pourtant profité de très beaux ciels étoilés depuis la fin mars, mais l’atmosphère printanière est par définition instable, particulièrement en montagne. A cette époque de l’année, il m’arrive donc d’observer le ciel à l’oeil nu, oubliant un temps les instruments. Je rêve, je contemple, la tête dans les étoiles, je m’amuse à voir jusqu’où mes yeux verront. Ce sont des nuits particulières, silencieuses, reposantes. Et je les aime tout autant.

Il faut dire qu’au printemps, la nuit revient en montagne. Et oui, durant tout l’hiver, il n’est pas de vraie nuit. La neige magnifie la moindre lueur, y compris celle des étoiles. Aussi, lorsque la neige a fondu, je retrouve l’obscurité des nuits en  montagne, et les plongées cosmiques n’en sont que plus excitantes.

Je vais quand même vous raconter quelques-unes des nuits où le télescope fut de sortie. Compte-tenu des conditions de transparence, je ne sors en ce moment qu’avec seulement deux oculaires dans mes poches: un Nagler 26mm (62x, 1,3°) et un Nagler 13mm (123x, 0,7°). Voici quelques notes de trois de ces nuits, dans des  conditions similaires (turbulence faible, transparence moyenne). Les observations ont toutes été effectuées au-delà de minuit.

25 mars.

Je  commence par un survol de la chaine de Markarian. Le Dobson s’y prête à merveille. Lorsque l’on connait les lieux pour les avoir fréquentés avec assiduité, que l’on sait où aller,  où changer de direction, la souplesse du Dobson et le grand champ du nagler 26mm accentuent cette sensation de survol. Mes mains déplacent à peine le tube, j’ai l’impression que lui aussi connait le chemin! Sans trop savoir pourquoi, j’effectue toujours la traversée depuis M84 en direction de NGC 4477. Ce soir-là les conditions sont moyennes, mais c’est mon premier vol avec le 26mm et j’aime le champ qu’il m’offre. Une fois de l’autre côté, je rebrousse chemin avec le même plaisir. Je compte les 12 galaxies (M84, M86, 4387, 4388, 4402, 4413, 4425, 4435, 4438,  4458, 4461, 4477) mais pour moi la chaine de Markarian constitue un seul objet indivisible.

Compte-tenu des conditions, je décide ensuite de rendre visite aux quelques amas globulaires de ce secteur essentiellement galactique. Ils ne sont pas nombreux: ils ne sont que six, cinq dans la Chevelure de Bérénice et un seul (le seul!) dans la Vierge. Je commence par NGC 4147: il est assez petit et faible, et je ne le résoudrai pas. Mais, une petite étoile orange, un peu à l’écart, rend le spectacle agréable. Puis je traverse en direction d’Alpha Com pour passer voir les inséparables “53”:  M53 et NGC 5053.  De là je remonte en direction de M3, toujours aussi beau, et poursuis vers le très pâle NGC 5466. Il ne me reste qu’à plonger plein sud pour passer voir le seul amas globulaire de la Vierge, j’ai nommé NGC 5634.  Impossible de le résoudre, mais une étoile jaune-orangée le frôle, et une autre bleue, un peu plus loin de l’autre côté, finit un encadrement de toute beauté.

4 avril.

Conditions très moyennes cette nuit-là. Je me contenterais du seul Nagler 26mm, ne pas trop s’approcher était la meilleure idée ce soir-là! C’est une autre façon d’utiliser le pouvoir séparateur d’un T300: le champ et des images bien définies! Je me promène le long d’une ligne magique: depuis M101 jusqu’à M64. Dans l’ordre: M101, M51, M63, Cor Caroli, NGC 4631 (la Baleine), NGC 4656 (la crosse de Hockey), NGC 4565 (l’Aiguille), et M64 (l’Oeil Noir). La variété des formes, des structures, des luminosités. L’oeil y trouve toujours son compte, et le 26mm est un allié précieux: le recul nécessaire et la précision ! C’est une belle autre façon de voir ces monstres sacrés.

Et puis, je retrouve les étoiles. Amas globulaires: NGC 4147, M3, et un revenant: M13! Quelques amas ouverts aussi: NGC 1502 et la Cascade de Kemble (le 26mm semble être conçu pour elle!), et pour finir: Le Double. Malgré le faible grossissement (62x) je me régale de ces points minuscules et colorés. Même un ciel médiocre permet de passer deux heures passionnantes.

6 mai.

Cette nuit fut sans doute la meilleure en terme de qualité de ciel, sans pour autant atteindre le niveau des nuits exceptionnelles de février dernier. Malgré tout, j’ai pu observer des objets dans pas moins de huit constellations!

Corbeau.

Il y avait longtemps que je n’avais pas vu les Antennes (NGC 4038, 4039). Comme je débutais ma soirée à minuit précise, le Corbeau était déjà très bas.Malgré tout, le distingue la forme caractéristique de cette collision galactique en vision directe, en particulier le “haricot” NGC 4038.  Malgré la vision décalée, je ne verrai pas les extensions; et le 13mm ne sera d’aucun secours.

L’Hydre.

L’Hydre est encore un peu plus basse que le Corbeau, mais le fantôme de Jupiter me tente. Je localise NGC 3242 assez facilement. La centrale est rapidement évidente. C’est un joli spectacle que cet oeil vert! Très basse sur l’horizon, la nébuleuse planétaire ne me donnera pas d’autres détails.

Lion.

Au-dessus de l’Hydre, le Lion m’attend. Je commence par le triplet le moins célèbre: NGC 3681, 3684, 3686. Les trois petits cailloux ronds et blancs sont bien là, nettement visibles dès le 26mm. La luminosité décroit de 3681 à 3686.

L’autre Triplet (M65, M66, et NGC 3628) est en meilleure forme. La meilleure preuve en est la bande d’absorption de 3628 visible en vision décalée au 13mm.   Joli spectacle que ces trois objets dans le même champ (du 26mm).

Encouragé par cette vision, je me dirige vers ce qui est habituellement une des plus belles galaxies du Lion: NGC 2903. Hélas, elle est décevante, peu lumineuse ce soir, ne montrant pas sa structure barrée.

Je continue néanmoins dans la difficulté et passe voir le groupe Hickson 44, dans le cou du Lion, entre Adhafera et Algieba. NGC 3190 et 3193 sont immédiatement localisées. Par contre, j’aurais beau explorer méticuleusement la zone, mais les deux autres membres du groupe (3185 et 3187) resteront invisibles.

Chiens de Chasse.

La belle Cor Caroli est devenue incontournable depuis cet hiver. Cette magnifique double, déséquilibrée (en taille et couleur) rivalise avec Albireo dans mon esprit. En tout cas, une vision réjouissante à chacun de mes passages récents.

De là, je remonte voir M51, plutôt fade ce soir. Le pont de matière est faiblement visible, et si le grand bras est lui assez net, l’ensemble manque de peps!

Par contre la Baleine, NGC 4631, est très lumineuse. Je suis même surpris d’y voir une très légère couleur “saumon”… ?!? Le baleineau est très net également. Je reste perplexe.

La Crosse de Hockey (NGC 4656) est mitigée. Le baton (4656) est assez joli, par contre la crosse (4657) reste invisible. Je suis toujours étonné de telles disparités de vision dans des zones si proches…

Grande Ourse.

La transparence s’est-elle dégradée au cours de la nuit ? Toujours est-il que lorsque je pointe M81 et M82, elles ne me montrent pas grand chose; ce qui est étonnant, tant ces deux-là sont souvent en forme.

M97 et M108 ne seront pas mieux. Quant à NGC 3184, entre les deux Tania (Tania Borealis et Tania Australis) c’est un point lumineux vaguement cotonneux.

Chevelure de Bérénice.

Je tente ma chance un peu plus bas dans le ciel, à la recherche de la qualité rencontrée un peu plus tôt dans le Lion. Hélas, cela ne sera guère mieux: M53 est moyen, NGC 5053 ne se montrera pas, et M64 ne montrera pas son oeil noir. Seul M3 sera fidèle à sa réputation.

Hercule.

Je décide de changer radicalement de secteur, et me dirige vers Hercule qui commence à être haute. M13 sera à la hauteur, magnifique avec ses deux gardiennes jaune et bleue, et la petite galaxie NGC 6207. Puis la petite nébuleuse planétaire NGC 6210 me montrera ses atouts bleu-vert, et sa centrale! Pour terminer, M92 (très beau) et NGC 6229 (non résolu) me laisseront avec le souvenir d’une rencontre agréable avec Hercule.

Dragon.

Pour finir en beauté, je vais aller dans une constellation que je visite moins souvent, à tort. Entre Theta Dra et Edasich, se trouve un joli trio de galaxies (illustré par la photo en tête de l’article): NGC 5981, 5982, 5985. Respectivement, il s’agit d’une spirale vue de face, une ellipse, et une spirale vue de côté, alignées par ordre croissant de luminosité et de taille. Un magnifique spectacle! A noter toutefois que la spirale de côté est très faible au T300.

En conclusion, quelques belles nuits d’observation, même si le ciel était moyen, sans oublier les nuits de contemplation visuelles. Dans les jours qui viennent, les transformations printanières devraient se stabiliser et nous offrir des ciels à nouveau exceptionnels, ce qui permettra de monter encore plus haut en altitude: le Restefond est enfin accessible!

Bon ciel à tous!

PS: La photo d’illustration (NGC 5981, 5982, 5985, dans le Dragon) est de Rob Gendler. Visitez son site, en particulier sa magnifique galerie de galaxies! www.robgendlerastropics.com