Au bout de la patience, le ciel

Il faut de la patience pour mériter une belle nuit sous les étoiles; particulièrement depuis un mois. Après une journée de transition, où soleil et nuages cohabitèrent pacifiquement, le ciel nocturne s’annonçait enfin clair. Et, hier soir, c’est avec un plaisir non dissimulé que j’installais le T300 devant la maison pour une mise en température rapide.

23h30. Me voilà enfin sous les étoiles. J’en savoure tout le plaisir. Jupiter est éclatante, Pégase s’envole vers le zénith, le Cygne se couche en se laissant glisser le long de la Voie Lactée, les Pléiades se montrent au-dessus du toit de la maison. Le ciel sent bon l’hiver, la saison préférée des astronomes.

Pendant une petite demi-heure, je laisse le temps à ma vision nocturne de se mettre en place: collimation, puis quelques coups d’oeil aux endroits stratégiques du ciel compte-tenu de ma situation (sud, ouest, zénith, nord), la transparence a l’air inégale, mais quel plaisir de revoir des astres! Et puis j’attends surtout l’extinction des éclairages publics: c’est devenu incontournable!

Minuit. Je suis seul sous les étoiles, plus une seule lumière; tout au plus les phares d’une voiture tout là-bas, loin, sur la route du col. En une seconde le ciel nocturne prend son vrai visage, la seule lumière est celle qu’il produit. La nuit m’invite, je suis prêt.

Pégase et Andromède sont magnifiques au zénith. Je vais commencer par rendre une visite à Andromède et quelques-unes de ses merveilles. La grande galaxie (M31) a l’air en forme à l’oeil nu, et dans le champ de l’oculaire aussi! Je la survole au Nagler 13mm, sa robe est quelque peu diffuse mais très étendue, ses compagnes (M32 et M110) ne sont pas en reste. Il y a des nuits d’hiver où ces beautés montrent des détails d’une grande finesse, hier soir elles semblaient drapées dans une enveloppe de ouate, aussi blanche que les premières neiges des sommets environnants. C’était un beau spectacle.

Je monte encore plus haut dans le ciel pour aller à la rencontre de la nébuleuse planétaire dite de la Boule de Neige (NGC7662). La boule turquoise flotte magnifique sur un ciel bien noir. Avec les diamants éclatants qui l’entourent, on croirait le présentoir en velours noir d’un bijoutier: une turquoise et des diamants, simplement posés là sur le ciel. Je prends mon temps, le spectacle en vaut la peine.

Et puis, je grossis la boule de neige, à la recherche des détails aperçus il y a un mois. J’irai jusqu’à 560 fois. Bien sûr la boule se déforme sous l’effet de la turbulence, mais au bout d’un moment à promener ma vision décalée autour de l’objet, des petites formes lumineuses se détachent à l’intérieur de la boule, comme des micro-éclairs, des glimpses. Après un long moment, pas de doute il s’agit bien des détails aperçus le mois dernier, des sortes de “C” très lumineux. J’en vois surtout un, sur la gauche de l’oculaire, l’autre est moins évident. Il faut dire que cela bouge pas mal avec ce grossissement. Un grand plaisir que de rentrer dans l’intimité de cette belle turquoise.

Puisque je suis dans le secteur, je passe voir la galaxie NGC7640. C’est une longue histoire avec elle. Avec mon T200 je m’y suis cassé les yeux de longues nuits sans jamais la voir. Et puis avec le T300, je la localise si facilement, blottie dans son triangle d’étoiles. Elle est certes faible et peu contrastée, ce qui explique les difficultés avec un moindre diamètre, mais c’est un long fuseau inséré entre trois étoiles de magnitude 11. Une belle vision.

Et puis, je ne peux pas passer par Andromède sans aller voir ce qui est pour moi la plus belle galaxie de la constellation: NGC891. Depuis Almach, il suffit de s’envoler dans ce coin de ciel obscur en direction de Persée. La Belle forme un triangle isocèle avec 60 And et Almach. Elle était splendide hier soir. J’aime ce fuseau incliné à 45° dans le ciel, et cette petite étoile posée sur le bord, vers le noyau. Au bout d’un moment, la bande d’absorption apparait, elle traverse l’élégante forme sur toute la longueur. C’est un spectacle dont je ne me lasse pas.

Il est temps de passer voir la grande galaxie du Triangle (M33). Sa position dans le ciel pourrait bien me réserver une bonne surprise. Déjà, en arrivant sur place, la robe est évidente; on ne voit pas les bras à proprement parler mais le sens de rotation oui. Au bout d’un moment deux formes incurvées semblent néanmoins se détacher, les prémisses des deux grands bras. Ce qui est toujours impressionnant c’est le contraste entre la grande taille de cette galaxie (elle ne tient pas dans le champ du Nagler 13mm) et son tout petit noyau ponctuel. Après une observation minutieuse, et prolongée, des nébulosités légèrement rosées se montrent en vision décalée. L’une d’elle est assez brillante, au bout d’un bras, c’est NGC604, la nébuleuse du Triangle, à côté d’une étoile de magnitude 9. Il ne faut pas passer vite sur M33, l’observation est affaire de patience.

Je me dirige ensuite vers la Baleine. Il y a des semaines que je veux aller y voir de nombreuses galaxies. Mais je me rend compte rapidement que ce secteur du ciel est moins transparent. De plus la position de la Baleine, plein sud, et basse, est une autre difficulté, le ciel est rarement noir en cet endroit. Je vais donc ranger mes envies de groupe Hickson et autres difficultés galactiques, pour faire un petit tour plus approprié aux conditions. Je commence par la nébuleuse planétaire dite du Crâne (NGC246). Cette nébuleuse de grande taille (6×4′) est faible mais on la repère facilement car centrée sur un groupe de 4-5 étoiles que l’on repère bien dans ce secteur assez obscur. Certains y voient un crâne, d’autres un beignet mordu, je pencherais plutôt pour le crâne. Elle était assez faible hier soir. De même que la galaxie NGC255 sa voisine, petite et circulaire.

Je me dirige ensuite vers un petit groupe de trois galaxies sur le dos du cétacé: NGC 615, 596 et 584. Je les repère facilement. 584 est la plus lumineuse du groupe, suivie de 596. Elles sont alignées et espacées régulièrement. 584 et surtout 596 sont très proches d’une étoile, donc faciles à repérer. Leurs noyaux sont assez brillants, 584 est circulaire, alors que les deux autres montrent une forme un peu allongée. Joli groupe, même si la transparence médiocre en ce secteur n’aide pas à en découvrir plus.

En remontant vers la tête de la Baleine, je m’arrête sur deux autres groupes:
NGC 1042 et 1052: proches, elles sont faciles à repérer. Ce sont des spirales vues de face, assez faibles hier soir. Par contre leurs voisines NGC1084 et NGC988 resteront invisibles.
M77 et NGC1055: évidentes au large de Delta Cetus, surtout M77, lumineuse avec un grand noyau. J’ai cherché autour NGC1073 et NGC1087, très pâles, je ne suis même pas sûr de les avoir vues…

Je décide d’arrêter là ma quête galactique dans la Baleine, le ciel était trop peu transparent au sud, et je retourne au zénith pour terminer par quelques jolies amas: M52, NGC7789, le Double de Persée. Des valeurs sûres qui ne déçoivent jamais. Et puis un objet que j’aime beaucoup (un de plus!): NGC7008 ou la nébuleuse du Foetus. Quelle merveille encore hier soir! je ne m’en lasse pas. Je ne comprends pas comment j’ai pu galéré pour la trouver au début avec mon T200, car je tombe dessus maintenant du premier coup! La petite double colorée, et la bulle (aux reflets bleutés et rosés), posée juste dessus. On devinerait presque le foetus! Allez voir cette merveille.

On approche 2h. Je vais finir par Jupiter. La belle qui se couche est entourée d’un halo de brume, elle grillera moins mes yeux! Amusant le ballet de satellites: Io et Ganymède jouent à l’étoile double!

Voilà, une belle partie de nuit. Il y aura une suite, la météo annonce trois autres nuits claires à suivre. Enfin.

jp

Un sourire à la Lune

Comment observer la Lune lorsqu’on a un peu moins de trois ans ? Depuis quelques temps, Loïs me demandait “de regarder la Lune avec le télescope”, mais voilà: la nuit ce petit homme dort. J’ai donc profité de la gibbeuse décroissante pour lui faire réaliser cette observation de jour.

Première étape: la mise en place du télescope. Notre petit astronome est très intéressé…

…et amusé de voir sa tête dans le miroir primaire !

Et puis, le moment tant attendu: la Lune apparait dans l’oculaire. Au début pas de commentaires de l’observateur, et puis: “elle est grosse”. Je m’amuse des aller-retours de sa tête entre la “vraie” Lune et celle qui est dans l’oculaire. Comme je lui demande de me dire ce qu’il voit, il remarque des zones “noires”, et puis surtout : ” un gros crou!”

Il envoie alors à la Lune un sourire dont elle se souviendra, et moi aussi.

jp

Au dessus de la brume

6 octobre. Lorsque, vers 22h, je sors le T300 devant chez moi, le ciel que je vois malgré les lumières du village est très prometteur : la Voie Lactée est bien marquée du Cygne jusqu’au Capricorne qui se couche, la galaxie d’Andromède facilement visible. Alors, comme vers minuit les lumières vont s’éteindre, ce sera le bon moment pour ressortir. Le ciel semble d’ailleurs découvert sur une grande partie de la France, puisque les savoyards (Dédé, Richard et Christian) sont déjà en place et, en Bretagne, Anne vient de sortir son tube elle aussi. 🙂

23h. Rapide coup d’œil sur le ciel, depuis la terrasse : quoi ? Plus une seule étoile !!! Une nappe de brouillard enveloppe le paysage. Je rentre, dépité, en espérant que la tendance s’inverse d’ici une heure.

Minuit. Me voici dehors. Ouf ! Le ciel s’est entièrement dégagé, c’était bien une brume passagère. D’ailleurs, je la vois maintenant qui bouche la vallée. Elle est redescendue, et quelques taches translucides laissent deviner l’emplacement des villages de la vallée. La baisse de la température en altitude aura été mon alliée ce soir. Le ciel est donc bien dégagé, le village dans l’obscurité, la collimation au point, la soirée peut commencer ! J’oubliais, en fond sonore, des brames de cerf, dans la forêt juste en dessous, vont rythmer mon observation.

Un petit bémol toutefois, l’humidité est féroce ce soir. En fait, je n’ai pas souvenir d’en avoir subi autant par ici. L’hygromètre indique 86%, derrière moi j’entends les gouttières pleurer comme s’il tombait un petit crachin. Le tube du 300 est déjà trempé, et la vitre du point rouge est pour la première fois embuée. Pas de chance, moi qui avais des envies galactiques…

Qu’à cela ne tienne, puisqu’Andromède se montre si bien à l’œil nu, je passe la voir. C’est un curieux spectacle : d’abord, elle est très lumineuse, de même que M32 et M110 ; et on dirait que la luminosité des noyaux diffuse dans le nuage qui les entoure. L’ensemble est donc lumineux et diaphane à la fois. J’ai rarement vu M31 aussi brillante. Par contre peu de détails, l’ensemble est très diffus. Et puis, alors là c’est du jamais vu (!), une zone sombre sur la droite de la grande galaxie donne l’impression que les bras ont été amputés d’un morceau. Je reste un moment sur cette vision, regarde le ciel, non, pas le moindre nuage à cet endroit du ciel, mais on dirait qu’une nébuleuse obscure est venue se poser par là ! Je suis tellement étonné de cette vision que j’en fais un rapide croquis.

Toujours perplexe de cette vision, je passe voir NGC891, une de mes galaxies favorites. Avec cette humidité, pas de miracle, j’en aperçois la belle forme en fuseau en vision décalée. Mais rien de plus.

Je me décale sur Pégase, sur NGC7457, ronde et très diffuse, en vision décalée là aussi. Puis NGC 7331, plutôt belle compte tenu des conditions, la spirale est lumineuse et assez marquée, mais l’ensemble est très diffus. C’est un peu la même impression que sur M31 : lumineux et diffus à la fois. J’essaierais bien de voir le Quintet de Stephan tout proche, mais renoncerais rapidement, ça n’est pas le soir.

Avant de quitter le secteur, je passe quand même par la Boule de Neige (NGC7662). Elle est très haute dans le ciel, presque au zénith. Je la trouve facilement. La vision au 13mm (120x) est toujours aussi magique. Le bleu turquoise est très prononcé ce soir. Alors, je décide de grossir un peu avec le 7mm (220x). L’image se déforme, la boule est moins régulière, mais pour la première fois je vois la couronne interne. Enfin, disons plutôt deux demi-cercles qui ne se rejoignent pas. Je reste un moment sur cette image que je n’avais vu jusqu’alors qu’en photo. La centrale restera par contre invisible, la turbulence n’aidant pas. Je renonce d’ailleurs à grossir d’avantage. Au retour à la maison, je croque vite fait cette image. Bon, ça n’est pas un dessin, mais ça traduit ce que j’ai vu.

Très heureux de cette vision, je me dirige vers le sud pour aller dans la Lyre. Je me dis que M57 pourrait peut-être aussi me livrer quelques dessous cachés ! Première impression, là encore, une luminosité inhabituelle. Je me demande si l’humidité qui m’entoure, et qui flotte dans l’espace environnant ne provoque pas cette luminosité sur les objets, une sorte d’effet d’optique ? En tout cas, M57 est très belle, et surtout très bleue ce soir. Là encore, je vois très bien cette couleur que j’ai généralement plus de mal à percevoir. Par contre grossir ne me procurera pas le même plaisir qu’avec la Snow Ball. La turbulence secoue fort.

Puisque je suis dans la Lyre, je décide d’aller enfin voir T Lyrae. Premièrement je dois essuyer la vitre du point rouge qui ruisselle sérieusement, et qui me donnait la vision d’un très gros point rouge ! Je le positionne ensuite, et cherche… un autre point rouge ( !) dans le secteur. Soudain, il éclate au milieu du champ. Quelle merveille, et quelle couleur ! La vision de ce petit point me remplit de joie. Je reste longuement à le regarder. Je m’amuse même à le sortir du champ, attendre un peu, puis revenir dessus : il me semble que ce rouge presque électrique me saute de mieux en mieux à l’œil. Merveilleux spectacle ! 🙂

Passant d’une belle étoile à une autre je vais voir 52 Cyg. Vous pensez : les Petites Dentelles? Non, non, je dis bien 52 Cyg. Cette merveille d’étoile double me fascine depuis que je l’ai découverte cet été. On ne la regarde généralement pas, et c’est un tort ! C’est un couple asymétrique, dont le compagnon orangée est aussi fin que T Lyr, voire même un peu plus. Un très joli spectacle, renforcé par les Dentelles qui semblent prendre naissance entre ces deux là (je les distingue d’ailleurs plutôt bien et sans filtre, les Dentelles). Par contre, j’ai vu le compagnon orangé hier soir, alors que je crois bien l’avoir vu gris-bleu cet été… curieux.

Jupiter me fait de l’œil depuis le début. Mais je ne voulais pas aller la voir trop tôt, de peur d’agresser mes yeux. Au 13mm, joli spectacle car la turbulence semble s’être calmée pour un temps. Au 7mm (220x) je vois énormément de détails sur une surface très stable, et surtout la Grande Tache est là, bien visible mais plutôt terne. Le temps d’admirer l’ensemble, la turbulence siffle la fin de la récréation et reprend de plus belle. J’étais là au bon moment !

L’humidité devient vraiment impressionnante, je dois égoutter le PSA !

Je rend ensuite une petite visite au Verseau, sans doute la dernière avant longtemps. Principalement les deux planétaires NGC7009 (Saturn Nebula) et Helix (NGC 7293). Mais elles sont basses, et probablement engluées dans une humidité renforcée. Saturn ne montrera que peu, au 13mm. Quant à Hélix, je devine la couronne et les étoiles du centre en vision décalée, rien de plus. Au filtre OIII, je ne verrai… rien ! Il mange le peu de lumière restante ! On est loin de la vision de rêve de cet été.

On approche de 2 heures. Je vais me rentrer après avoir fait un petit détour par Cassiopée, et les deux amas vedettes du coin : M52 et NGC7789. Ils sont très décevants ce soir, j’ai l’impression de les observer derrière une vitre ruisselante de condensation. Ce qui n’est finalement pas très loin de la vérité ! Le tube du télescope est incroyablement dégoulinant. Fin de la plongée 🙂

J’aurais quand même passé une bonne soirée, avec quelques images mémorables : M31 grignotée ( !), T Lyrae magnifique, et l’intérieur de la Snow Ball !

Merci de m’avoir lu!

jp


La foudre

Lorsque le ciel s’électrise et qu’il décharge cette puissance sur terre, rien ne résiste à une intensité de 30 000 ampères pour une tension de 100 millions de volts! Et si l’on pouvait récupérer cette énergie ? On considère que 2000 orages éclatent à un instant T sur la planète.

Les mots ont la parole

Festival du Mot à La-Charité-sur-Loire:

sur certaines façades de la ville de la Charité, les plus belles citations sur les mots apparaissent au fur et à mesure des journées du festival. Et les mots n’ont jamais autant de force que quand ils sont écrits!

Un samedi soir au col de la Cayolle


20h30, nous arrivons au sommet du Col de La Cayolle (2326m). Je voulais arriver de jour pour avoir le temps de trouver un bon emplacement. En effet, si je connais bien ce col sauvage, moins fréquenté que d’autres plus réputés dans le secteur, je n’y ai jamais observé le ciel. Petit problème : la route est étroite et les espaces permettant à des astronomes de se poser sont peu nombreux. Petite crainte : celle que quelques camping-cars aient envahi les lieux et occupent les seuls endroits praticables. Hélas, ma crainte s’avère fondée. Une fois la borne du col passée, nous voyons 4-5 camping-cars sur le petit parking du sommet… L’autre parking est situé un peu plus bas sur le versant nord, mais le refuge n’étant pas (encore) fermé, ce n’est même pas la peine d’aller voir. Heureusement, nous avions repéré un bel endroit peu avant le sommet. Vincent et son pote Daniel nous confirme avoir repéré le même lieu. Demi-tour donc et arrêt deux cents mètres plus bas. Le lieu semble désert. Mais dès la portière ouverte une musique nous accueille, une belle musique, celle des clarines des quelques vaches blanches qui occupent le lieu. L’odeur de la montagne, les pâturages, les clarines, la soirée commence bien.

Nous repérons de l’autre côté de la route un emplacement de rêve, herbeux, plat, surplombant la route et offrant un ciel dégagé sur 360°. Que demander de plus ? Nous installons le matériel, puis nous équipons pour supporter le froid et l’humidité qui tombe : Annie multiplie les couches, je fais de même, un peu trop même, je serai forcé d’en enlever quelques-unes un peu plus tard. Bref, le campement se met rapidement en place, sous le regard étonné des vaches.

21h30. Les tubes sont en place. Le 114mm de Vincent, et mon 300mm. La nuit tombe doucement, le ciel s’illumine, les sourires s’arrondissent, le plaisir est en vu !

Nous mangeons un morceau avant de plonger dans l’univers qui se dévoile au-dessus de nos têtes. En regardant ce ciel la terrine au piment d’Espelette a un goût divin.

Comment raconter une telle nuit ? Pas facile de reproduire la chronologie, de rapporter les allées et venues d’un tube à l’autre, les comparaisons, les discussions, les rires, et surtout le grand nombre d’objets observés. Commencée à 21h30, notre soirée finira à 3h30, 6 heures intenses qui semblèrent bien courtes tant le plaisir était grand. Je n’ai même pas senti la fatigue de trois nuits blanches cette semaine. Enfin, jusqu’à 3h du matin.

Je vais donc essayer de vous raconter notre nuit, et surtout nos émotions, par le menu : tout d’abord les galaxies, puis les amas, quelques étoiles, des nébuleuses planétaires, Jupiter, et puis les nébuleuses, reines de la fête et bouquet final de notre nuit. On y va ?

Les galaxies
Très vite M31 nous est apparue majestueuse dans le ciel. A l’œil nu elle était déjà belle. Aux jumelles ses presque 4° emplissaient le champ. Au télescope, c’est le T114 de Vincent qui lui rendait le meilleur hommage. Le T300 n’en montrait, lui, que des bribes, des détails. M32 et M110 n’étaient pas en reste. Le plus extraordinaire c’est que nous avons suivi cet équipage toute la nuit : d’abord sur l’horizon nord-est, puis lors de son envol vers la Voie Lactée, jusqu’au-dessus de nos têtes vers 3h, à se casser le coup pour la pointer ou la regarder aux jumelles. C’est une belle voisine que cette galaxie.

Bien sûr nous n’avons pas oublié le Triangle et sa grande timide, comme j’aime l’appeler. M33 se révèlera peu, mais son final, là-haut dans le ciel, sera aussi bien beau, on aurait dit qu’elle commençait à s’habituer à nous, nous laissant entrevoir des formes.

Puisque nous passions par là, je ne manquais pas de montrer NGC891 à mes compagnons. Là aussi, elle était discrète au début, puis au fil des heures sa séparation noire devenait évidente, alors que son fin fuselage restait plus discret.

Plus tard, nous rendions visite à quelques vedettes : M51, très belle malgré sa faible hauteur, nous montrait ses bras en vision directe et le pont de matière plus discret en vision décalée. Le couple M81 et M82 toujours à son avantage. C’était la première fois que mon T300 les regardait : M82 y était comme toujours la plus belle, montrant de jolis détails en forme de nodules, comme une collier de perle.

Vincent voulait voir la Galaxie de Barnard, NGC6822, et il le fit le bougre ! Son T114 en était tout rouge de plaisir  Une recherche soignée nous permit d’admirer la belle discrète.

Dans la Baleine, je tentais d’engager un parcours galactique dont je rêve depuis un moment, mais les quelques cibles que je pointais ne m’encourageaient guère. NGC157 et NGC151 étaient bien pâles sous les lueurs d’un Jupiter qui fanfaronnait dans le noir et nous gênait dans ce secteur. Ma balade dans la Baleine, le Fourneau et le Sculpteur devrait encore attendre. D’ailleurs, une petite visite dans la Petite Ourse, vers NGC6217, la « délaissée » comme la nomme Jeff, confirma qu’un programme galactique approfondi n’était pas de mise hier soir.

Les Amas
Sous un tel ciel, les amas d’étoiles sont une évidence. Les volutes de la Voie Lactée, ou les gros amas du ciel sont si beaux à l’oeil nu qu’on ne résiste pas longtemps à passer voir des trésors que l’on croit connaître et qui se révèlent toujours différents. Nous passerons du temps à les observer : à l’œil nu, aux jumelles, au T114 et au T300, en variant les grossissements. Le premier fut M22, l’amas globulaire le plus lumineux du Sagittaire. Il était beau sous toutes les formes, Vincent l’aimait bien dans son T114, et il avait raison ! Et puis M13 bien sûr. Après quelques explications de repérages à Annie (sans laser !) le T300 enchanta son monde par la finesse des détails et la résolution du cœur à tous les grossissements, jusqu’à 300x ; on a même l’impression qu’on pourrait continuer ainsi à l’infini. Dans Pégase, M15 ravit Annie, une discussion s’engage sur les impressions que laisse l’amas : une bosse ou un creux ? choisissez votre camp.

Et puis inévitablement, on sait qu’à un moment ou à un autre de la nuit, quelqu’un aura envie de voir ces petits nuages là-bas enter Cassiopée et Persée : NGC869 et 884. C’est au T300 que l’éclat de ces diamants multicolores sera le plus apprécié. Plus tard, Les Pléiades viendront se rappeler à notre souvenir. Il y a quelques mois que je ne les ai pas vues, mais la vision de ce groupe s’élevant au dessus de la crête des montagnes était un joli moment. Dans Cassiopée, M52 montrera la finesse de ses étoiles regroupées, mais que dire de NGC7789 ! Il était tout simplement sublime hier soir, nous y passerons de longues minutes au 13mm sur le T300. La finesse des étoiles et cette répartition en bouton de rose sera l’un des coups de cœur de la nuit.

Quelques étoiles.
Et puis de temps en temps, un survol de la Voie Lactée est toujours un plaisir. Annie et Vincent ne s’en sont pas privés, de se plonger dans ces nuages célestes. Alibireo, Vega, seront aussi admirées. Je montre Almach ma trouvaille récente, ce groupe de 3 binaires dans Andromède. Tout comme je ne manque pas d’attirer l’attention sur la très belle double 52 Cyg lors de la visite des Dentelles. Plus tard ce sera Aldébaran, puis Alpha Orionis, Betelgeuse « l’épaule du géant ». Les étoiles en pleine montagne, ou comme prendre le pouls du ciel.

Les nébuleuses planétaires.
Vous imaginez bien que nous avons rendu visite à quelques-uns des cœurs brisés du cosmos. Il y a les classiques M27 et M57, magnifiés par le ciel. La bleutée M57 montrait avec délicatesse une couronne presque translucide, le cœur sombre nous laissait par instant entrevoir le cœur brisé qu’il renferme. Et puis Vincent m’appelle et me demande :
– J’ai trouvé quelque chose là (en pointant en direction du Cygne, mais je ne sais pas ce que c’est.
– Attends je regarde. Hum, ça me dit quelque chose. Tu as pointé par où ?
– A droite de ces trois étoiles.
– Ces trois là ? mais… c’est la Flèche ça. On la reconnaît mal parce qu’elle est verticale dans le ciel, mais oui c’est la Flèche !
– …
– Donc, ton truc c’est… M27 !
– Ah, je ne la reconnaissais pas. Faut dire qu’en plus je ne la vois jamais comme ça chez moi…

Ne riez pas. J’en connais plus d’un qui s’est perdu dans un ciel de montagne !

Je montrerai ensuite à mes camarades quelques autres de ces belles : NGC7662, la Boule de Neige, magnifique sur ce tapis de diamants. Et puis Saturn, NGC7009, un peu empattée dans la brume qui envahit l’horizon sud, mais montrant bien sa forme. Et enfin, NGC7008, cette petite merveille qui loge dans une trouée obscure de la Voie Lactée, entre Alderamin et Deneb : la nébuleuse du Fœtus, une petite merveille cette nuit. Outre la belle double sur laquelle semble reposer la bulle, on croyait voir le fœtus dans cette enveloppe translucide!

Jupiter.
Et puis, depuis le temps qu’elle nous appelait, nous allâmes voir Jupiter. Vincent la trouvait très belle au T114. Je visais donc la belle : ouch ! ça décolle la rétine ce truc euh… cet objet !

Il faut reconnaître, qu’une fois la rétine acclimatée, elle est magnifique à 122x (Jupiter, pas la rétine, on suit là hein !?). Image très propre, très stable. Je passe au 9mm (176x) toujours pareil ! Les détails de la surface sont incroyables : des petits liserés en bordure de la calotte nord, comme de la broderie ; et puis, dans la grande bande il semble y avoir pas mal de choses aussi. Allez, on passe au 7mm (226x), puis la barlow (powermate 2.5x) entre en scène :

– 13mm+powermate (305x)
– 9mm+powermate (440x)
– 7mm+powermate (566x)

Je n’en reviens pas, l’image ne bouge toujours pas. Grâce à la Powermate qui conserve le champ de 82°, le suivi n’est pas trop difficile. A 566x, je peux détailler la bande sombre : une petite tache claire et ronde, puis deux autres noires un peu plus loin, puis comme des protubérances s’échappant vers le bas du disque. Ah, si je savais dessiner !

Je peux affirmer que je n’ai jamais vu Jupiter comme ça… Et puis Vincent lance : « on pourrait essayer mon 5,2mm ? » Bah, oui pourquoi pas ! Avec la Powermate, cela fait du 762x !!! Et bien mes amis, l’image était largement correcte. Certes, ça commençait à bouger un peu, la mise au point devenait délicate, mais le plaisir était là. Le disque, énorme, devait mettre 10-15s pour traverser le champ de l’oculaire. Après quelques tâtonnements, j’arrivais néanmoins à faire en sorte que Jupiter reste au centre, ma main sur le tube compensait tout juste le déplacement. Bon, on ne tient pas des heures comme ça!

Je repasse à 566x et admire la surface encore de longues minutes, à m’en griller la vision nocturne. Pas trop grave, la nuit touchait à sa fin. Quel spectacle !

Les nébuleuses.
Elles furent omniprésentes, tout au long de la nuit. Au début, c’était dans le Sagittaire, avant qu’il ne se couche. Vous connaissez les vedettes du coin : Omega (alias Le Cygne), La Trifide, La Lagune. Magnifiques toutes les trois. Vincent se régale de leur vision dans son T114. Je lui passe mon filtre OIII, il apprécie son effet ! Annie qui a observé M17 plusieurs fois cet été, et sous différentes latitudes, fait des comparaisons. Son coup de cœur est toujours celle vue dans la noirceur du Berry. Elle était magnifique il est vrai, mais je trouve celle d’hier soir pas mal du tout. Le filtre passe d’un télescope à l’autre, les comparaisons vont bon train, le plaisir est en tout cas dans tous les yeux.

En milieu de nuit, ce furent les dentelles : petite, grande, et le Triangle de Pickering. Vincent doutait de les voir dans son T114. Je lui disais qu’il les verrait, et même très bien grâce au champ de son tube. Et lorsqu’il vit la Petite Dentelle, il n’en croyait pas ses yeux ! Et lorsqu’il passa l’OIII il était en extase ! Il a dû répéter une dizaine de fois : « j’ai vu les Dentelles dans mon T114 ! » A ce moment, je lui ai bien parlé de la double 52 Cyg, mais je crois qu’il ne m’a pas entendu. Et puis je lui expliquais comment trouver le triangle, et la grande dentelle. A ce moment, tout le monde convergea vers son tube, c’était vraiment très beau ! (petit clin d’œil aux possesseurs de T114, trouvez-vous un vrai ciel, vous serez comblés !). Dans le T300, on pouvait admirer la finesse de la structure, mais pas ce qu’on voyait dans le tube de Vincent.

Ensuite, ce fut la nébuleuse du Croissant, NGC6888, moyenne hier soir, mais toutefois complète avec le filtre OIII.

Vint alors le moment où le Taureau sortit de derrière la montagne. J’attendais que M1 soit visible pour une première vision dans le T300. Elle était bien très basse, mais je la voyais finalement. Curieusement, mieux sans filtre qu’avec ?? Mais elle n’était pas (encore) très belle.

Et puis, et puis, vint le moment que nous attendions tous (sauf Annie qui dormait dans la voiture). Vous savez ce que je veux dire, non ? Allez, on révise son ciel : après le Taureau, qu’est-ce qui est sorti de derrière la montagne ? Ben oui, le guerrier Orion ! C’est d’ailleurs marrant car on a d’abord vu son arc, dans son intégralité. Comme disait Daniel : « y’a tant d’étoiles dans l’arc ?? » Ben oui, on voyait les 8 étoiles sans forcer. Après l’arc, c’est Bellatrix qui se montra, puis Betelgeuse et la Ceinture.

Et puis, soudain une étrange lueur derrière la crête. Vincent dit en riant : « on dirait que le Lune va se lever ». Et c’était vrai, cette lueur ressemblait à celle de la Lune montante. Mais nous savions tous ce que c’était. Alors je positionne le T300 sur cette lueur. Dans l’oculaire je vois la montagne découpée à l’envers, et cette lueur blanche au-dessus. Les minutes passent, les chose se précisent, et puis tout à coup, la tête de l’oiseau, et puis ses ailes, ça y est ! La nébuleuse d’Orion prend son envol. Instant magique, émotion, on parle moins, on se succède au 13mm : les mots manquent, et puis cette entrée en scène…

Vincent va la pointer avec son tube, je lui parle du Trapèze, il voit les quatre étoiles, et un peu plus tard une cinquième. Sa joie fait plaisir. Je continue de suivre l’envol de M42, majestueuse. Et là j’entends derrière moi, la voix de Vincent qui dit : « La tête de Cheval on peut la voir au 300 ? » Je rigole et lui dit, j’ai déjà été voir, mais on ne voit que trop peu la nébuleuse autour d’Alnitak. Donnez un trésor à un astronome, il en demandera un autre !!!

Il est plus de 3h. La fatigue accumulée cette semaine me rattrape en une seconde. De toute façon, la vison d’Orion est une belle fin non ? Je décide de plier. Pendant que je fais des allers-retours, Vincent et Daniel s’affairent toujours sur M42. Lors d’un de mes passages, Vincent me dit : « oui, je ne vois pas la nébulosité autour d’Alnitak ». Insatiable je vous dis ! Et puis, quelques instants plus tard, le même Vincent : « Bon, je vais re-pointer les dentelles, moi ! » Insatiable je vous dis. Ces ciels là rendent fou !

Sur le chemin du retour, Orion sera tout le long en face de nous, à travers le pare-brise, comme si elle voulait nous dire : « hé, ‘suis là ! ».

Voilà le récit de cette nuit. J’espère vous en avoir fait sentir toute l’émotion et le plaisir. Et merci de nous avoir suivis !

jp

Cœurs brisés dans le Cosmos


Après un mois de disette je retrouve enfin le ciel. En ce qui me concerne, l’été n’est jamais une période très prolixe en observation : nuits trop courtes, nuisances accrues, grosses différences de température entre le jour et la nuit (en montagne) donc pas mal de turbulence, etc. C’est donc avec un réel plaisir que je me retrouve enfin sous les étoiles depuis quelques nuits. Ca sent bon la fin de l’été, la montagne a retrouvé sa quiétude. Le ciel de ces dernières nuits était fabuleux. Dommage que la Lune se lève si tôt…

Emotions
Lorsqu’on me demande pourquoi j’aime observer le ciel, il y a un mot qui revient souvent dans la conversation : émotion ; celle de sentir la nuit m’envelopper et une légère brise me caresser le visage, d’entendre les derniers chants des oiseaux, de voir les étoiles s’éclairer les unes après les autres. Oui, la première émotion, c’est bien celle-là : attendre le moment où je me sens en harmonie avec ce qui m’entoure, être bien sur terre pour partir à la découverte du ciel.

Puis, il y a l’émotion visuelle pure, celle qui est liée au spectacle offert : un petit anneau qui se détache sur un tapis de diamants, un amas d’étoiles si fines que le silence me gagne, une étoile si colorée que mes yeux doivent en briller de plaisir dans le noir, une spirale si belle que j’en ai le vertige. Cette émotion-là est la plus forte, c’est celle qui me guide souvent vers un objet ou vers un autre.

Et c’est à ce moment-là qu’une autre émotion me touche : ces objets sont vivants, ce ne sont pas que de belles choses, ils ont une histoire, un passé, une vie. J’aime penser à la place qu’ils occupent dans l’univers, au rôle qu’ils y jouent, à quel moment de leur vie je les vois : regarder une nébuleuse et imaginer toutes les étoiles qui y naissent ; admirer une étoile et selon sa couleur, sa distance, ou sa taille, se projeter dans le temps et rêver à la suite de l’histoire ; observer un amas globulaire et imaginer quel évènement a pu provoquer sa formation ; découvrir petit à petit une galaxie et imaginer ce qui s’y cache. C’est une belle émotion aussi, elle va plus loin, fait se poser des questions.

Cœurs brisés…
Parmi les objets célestes, il est une catégorie dont l’histoire me touche particulièrement : lorsqu’une étoile de masse « intermédiaire » vieillit, et qu’elle a consommé tout son hydrogène et son hélium, son cœur s’effondre sous l’effet de la gravité. De la géante rouge il ne reste alors plus qu’une étoile naine, et des expulsions de gaz tout autour. Pourtant la petite naine va encore vivre des milliers d’années avant de disparaître dans l’univers. Le paradoxe c’est la beauté de ces petits coeurs brisés : leur longue agonie brosse dans le ciel des aquarelles vivantes, des variations de formes et de couleurs, et cette beauté me touche. Je vous invite donc à rendre visite à quelques-uns de ces « cœurs brisés ».

… dans le Cygne, l’Aigle et Ophiuchus.
Les observations qui suivent sont le fruit de plusieurs soirées, au fil de la semaine, dans un coin du ciel où j’aime bien trainer l’été: Le Cygne, L’Aigle, et Ophiuchus, du zénith vers l’horizon sud, en se laissant glisser le long de notre toboggan étoilé, la Voie Lactée. Certaines de ces nébuleuses planétaires demandent de la persévérance, comme des caméléons elles se cachent bien dans le fourmillement de la Voie Lactée.

Le Cygne.
Je commence par rendre visite à NGC7008, la nébuleuse du Foetus. Elle se situe tout au nord de la constellation du Cygne, dans la nébuleuse obscure Le Gentil 3. Je la localise entre Alderamin Cep et Deneb Cyg, environ à mi-distance. Puisque qu’elle se situe dans une zone obscure de la Voie Lactée, on la repère facilement. La première chose que l’on remarque c’est une petite étoile double que je vois bleue et orangée (parfois, je la vois bleue et jaune, un peu comme Albireo). Et puis juste au-dessus d’elle, tout près, on voit une forme qui ressemble un peu à une oreille. Mais si on laisse un peu de temps à son oeil, cette forme devient translucide, et on y voit apparaître alors trois étoiles très fines. C’est à ce moment là, que la comparaison avec le fœtus devient évidente, sans doute à cause de la transparence de cette sorte de bulle. Elle est bien belle ces jours-ci, mais dans un ciel toujours menacé de l’arrivée de la Lune elle ne m’est pas toujours apparue aussi belle qu’un soir de décembre 2009 au T200 !

NGC7026.
Toute proche de 63 Cyg (au-dessus d’America), une petite forme allongée semble se protéger dans la lumière de la supergéante orangée. J’avais lu qu’elle ressemblait à un sandwich, mais elle ne me montrera pas plus. Je suis pourtant retourné la voir deux soirs…

NGC7048

Proche de NGC7026, il faut avouer qu’elle reste très fantomatique. En vision décalée on devine une forme ronde, dont le centre est plus sombre. Mais je n’ai pas vu la centrale…

NGC7027
Trouvée facilement entre Zeta Cyg et Nu Gyg, à hauteur de Deneb. Elle est très lumineuse ; au 13mm (120x) on dirait une étoile double un peu empattée, puis au 7mm (220x), on perçoit très bien une forme rectangulaire avec un chenal qui la sépare en deux lobes. Le plus beau est sa couleur bleu-lagon.

NGC6894
Elle n’est pas sur le PSA, mais on la trouve facilement. Elle forme un triangle équilatéral avec 41 Cyg et 39 Cyg, en direction d’Albireo. Au 9mm (176x) on voit très bien sa forme annulaire, pas sa centrale. Une belle surprise !

NGC6742
Elle n’est vraiment pas évidente à trouver, car dans un secteur assez désert (de l’autre côté du Cygne, juste en dehors de la Voie Lactée). Pour très peu, elle appartient en fait au Dragon. Pour la localiser j’ai imaginé l’intersection des lignes K Cyg-Vega et Rastaban Dra-Eltanin Dra. Mais c’est plus facile à déterminer sur une carte que dans le ciel… Le seul point de repère est 16 Cyg à environ 1° 3. Après deux soirs et de longues minutes, je n’ai réussi à voir qu’un disque assez faible…

Avant de rejoindre l’Aigle, je fais un petit détour dans la Lyre pour aller voir NGC6765, une planétaire que je ne suis jamais allé voir. Assez petite (38’’), je n’ai pas dû manger assez de myrtilles et je ne l’ai pas localisée. J’ai bien repéré le parallélogramme et la double blanche qui matérialise l’un de ses sommets, mais point de trace de la belle… Un peu déçu de ne pas l’avoir vue ce soir car le ciel était vraiment magnifique à cet endroit. Faudra y retourner

Dans l’Aigle, je commence par le duo NGC6803/6804.

NGC6804 est assez évidente. Je la repère au 13mm. Puis au 7mm, sa forme annulaire devient visible, et 3 petites étoiles aussi : la centrale, encadrée par deux autres, une sur chaque bord du disque. NGC6803 est, elle, minuscule (5’’ !!). J’ai lu que certains ont vu sa centrale à 200x (avec un T300) mais pas moi…

NGC6781 est d’assez grande taille par contre. Elle m’apparaît même « énorme » après les petits disques que je viens de voir. Elle est, par contre, plutôt faible, mais au 13mm je vois bien sa forme ronde, que l’on devine annulaire en vision décalée. Le pourtour est bien marqué, sauf vers le bas (dans l’oculaire). C’est au 9mm (176x) que je la trouve la plus belle, la partie centrale sombre est plutôt petite, mais je ne vois pas la centrale.

NGC6790
Difficile à localiser, car petite (9×5’’). Je l’ai trouvée parce que j’avais vu une photo du champ, 3 étoiles en arc de cercle d’un côté, et deux « étoiles » en face la partie concave de l’arc, l’une d’elle étant 6790. Elle est d’aspect stellaire et à fort grossissement elle ne montre rien de plus qu’un minuscule disque. Un peu décevant…

NGC6751
Tout au bas de l’Aigle, à égale distance de Lambda Aql et 12 Aql. A 200x, c’est une petite boule, plutôt blanche (?), dans laquelle la centrale est visible, ce qui est étonnant au vu de la faible taille (21’’).

Je poursuis dans Ophiuchus.

NGC6572, Nébuleuse de l’Emeraude
Je la repère rapidement, en dessous de 71 et 72 Oph. Au 13mm, on repère une étoile bien bleue, un peu plus grosse que les autres. Au 7mm, on pense à la Snowball (Ngc7662), un joli bleu turquoise.

NGC6309, Nébuleuse de la Boite
Je l’ai repérée au 13mm, parce que je connaissais le coin pour y être déjà venu au début de l’été. Sinon, ça n’est pas évident à faible grossissement. Elle a un aspect stellaire (taille 20×10’’) un peu curieux, et en grossissant (200x et plus) on voit une petite étoile (mag 11,5) et juste au dessus une forme verdâtre, vaguement rectangulaire. L’ensemble est toutefois assez joli.

Voilà. C’est la fin du voyage. J’espère que vous m’avez suivi jusque là (je sais, c’est long ). C’est une balade intéressante, où le repérage est parfois délicat, et les objets pas toujours évidents. Mais, c’est ça aussi le plaisir de l’observation !

Détails techniques.
Observations réalisées entre le 28 août et le 2 septembre.
Instrument : T300
Altitude : 1700m
Température entre 9 et 12°
Humidité 50-60%
Bonne transparence, peu de turbulence.

Quand le vent est au sud

Un temps merveilleux dans la plaine du Berry aujourd’hui. Un petit vent du sud s’attarde sur les blés et rafraichit un peu l’atmosphère. Il fait bon se promener au milieu des champs en ce début d’après midi, à la recherche du lieu idéal pour la nuit à venir. Tirant les enseignements de la précédente, Jimmy m’emmène un peu plus loin de la ville, là où un léger vallonnement nous cachera les lampadaires de la périphérie. Au moins, on ne les aura pas directement dans les yeux. Et puis, un champ de tournesols de l’autre côté atténuera un peu le vent qui doit certes faiblir mais rester présent une partie de la nuit. L’endroit est superbe. Non loin de là, des planeurs s’élancent dans le ciel et décrivent des cercles au-dessus des quelques cumulus qui surveillent la plaine; on entend le sifflement du vent dans leur voilure lorsqu’ils passent au-dessus de nous. Vous connaissez la chanson, elle s’impose à moi en cette belle après-midi:

Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud, écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.

Ce n’est pas le mien ce pays, mais je l’aime bien; je resterais des heures à regarder le blé onduler comme une mer de paille, à écouter ce doux ressac qui chuchote dans le lit du vent.

22h: j’arrête la voiture à l’endroit repéré quelques heures plutôt, le long de la petite route qui sépare le blé du tournesol. L’herbe y a été tondue, pour la première fois j’ai l’impression d’installer le 200 sur une pelouse.

22h30: La Lune est magnifique, et juste au-dessus les trois planètes bien alignées: Saturne, Mars et Vénus. C’est un bien bel ensemble. En guise d’exercice, je laisse mes deux élèves, pointer eux-mêmes la Lune puis les planètes. Le croissant est magnifique dans le dégradé du couchant. La brillante Vénus montre une belle phase, Mars pas grand chose, et Saturne est la plus belle, comme toujours. Annie et Jimmy cherchent ses satellites, la soirée commence très bien.

L’alignement Saturne- Mars-Vénus:

23h: le ciel nocturne se met en place. Le zénith est déjà bien noir. En attendant que le reste du ciel soit prêt, nous filons dans la Lyre admirer Véga, puis la double Sheliak, et enfin M57. Premier constat: le transparence est excellente dans ce coin du ciel.

23h30: ça y est, le ciel se dévoile de partout. La Voie Lactée est merveilleuse, sa structure apparait complexe de Cassiopée jusqu’à l’horizon sud. Deux gros nuages d’étoiles sont en particulier impressionnants: l’un en dessous de l’Aigle, l’autre à hauteur du Sagittaire. Le sud est vraiment d’une belle noirceur: le Scorpion est visible intégralement, je vois rarement sa queue dans mes montagnes… Je suis heureux, car j’ai justement prévu d’aller explorer cette partie du ciel, entre l’Aigle et le Scorpion, le long du chemin lactée.

Je commence par M11, l’amas du Canard Sauvage. La couleur est annoncée: c’est une splendeur! Le ciel bien noir le met en valeur, les merveilles de petites étoiles sont incroyablement nettes, et le vol de canard semble presque en mouvement. Un bien beau départ que nous admirons de longues minutes.

Prochain arrêt: M17, la Nébuleuse Omega, que je préfère appeler Nébuleuse du Cygne. Dès que je la vois dans le champ du 13mm, je ne peux m’empêcher de laisser échapper un cri: wow!!! Sans filtre, le Cygne flotte avec grâce sur un tapis de diamants. Une subtile couleur verdâtre le rend presque réel. C’est l’une des plus belles images de M17 que j’ai vue! Aprés l’avoir tous admirée au 13mm puis au 7mm, je mets le filtre OIII sur le 13mm: la forme du Cygne est encore plus prononcée, et sa structure détaillée. Mais la vision au 13mm sans filtre restera la plus belle, nous sommes d’accord tous les trois!

Un petit peu plus bas se trouve l’amas M18 qui, il faut bien le reconnaitre, va nous paraitre bien fade aprés le Canard. Et encore plus lorsque nous arrivons sur le couple M20-M21. Contrairement au Cygne, la Trifide ne se montre qu’avec l’OIII. Sans filtre, on ne distingue qu’une des trois pétales de la pensée des champs célestes. Mais avec le filtre, elle est éclatante de beauté. Pas de couleurs, mais des nuances tourmentées et les trois composantes de la fleur trifide bien nettes. Le spectacle continue…

Je me pose ensuite sur M22, le bel amas globulaire du Sagittaire. Il semble presqu’aussi lumineux que celui d’Hercule! Dans le Scorpion, M4 est aussi magnifique ce soir, ce qui est rare! La ligne d’étoiles brillantes qui le coupe en deux est très nette.

Nous nous remettons de nos émotions en regardant le ciel à l’oeil nu. Quel spectacle! Les discussions vont bon train pour classer les trois vedettes M11, M17 et M20

Bien sûr nous passons aussi voir M13, le chouchou d’Annie. Il est à l’image du ciel de ce soir: époustouflant. La petite galaxie NGC6207 est aussi au diapason, d’une très belle luminosité!

Devant tant de belles images, je veux montrer à mes compagnons, la Rose de Caroline, NGC 7789. Et je ne le regretterai pas! La Rose est aussi à son meilleur. Cette finesse, la disposition des petits joyaux, la vision de l’ensemble, recueillera les suffrages de Jimmy, emballée par cette merveille.

Un passage par M31 qui est ternie par les lueurs lointaines d’une grande ville, puis par M51 très en forme ce soir: les bras sont visibles en vision décalée, le pont de matière aussi! Il est bientôt 1h. Et comme Jimmy travaille demain, nous allons nous arrêter là. Enfin presque! Annie veut revoir M17, nous y retournons donc, au 13mm sans filtre, et nous sommes tous les trois d’avis que c’est vraiment une merveille ce soir

Nous rentrons le matériel dans la voiture puis, avant de rentrer, un dernier coup d’oeil à ce ciel formidable. On dirait que la Voie Lactée se jette dans le champ de blé, quel spectacle!

Sur le retour, les yeux brillants, nous essayons d’établir une hiérarchie dans les beautés vues ce soir: M11, M17, M20 et Ngc 7789 se disputent la première place. Les avis divergent, personnellement je renonce à établir un classement, je les aime tous!

Le quintet du Restefond

Lorsque je quitte ma montagne pour rejoindre le col de Restefond en ce 7 juillet après midi, j’ai un peu l’impression de partir en vacances : le temps est estival, ça sent bon les foins dans les alpages, et puis les pentes du Restefond ressemblent à celles du Galibier, celles de mes vacances d’enfant. Je suis aussi heureux d’aller si haut car je vais y rencontrer quelques-uns des astronomes de la région, pour la première fois. Nous serons cinq, comme le Quintet de Stephan!

Tout d’abord, le maître des lieux : Bernard; il habite au pied du col, et ne sait probablement pas lui-même combien de nuits il y a passé. Et puis trois citadins, habitants de la côte d’azur : Gérald, Drakkh, et Vincent. Tout comme Bernard, je suis heureux de les accueillir dans nos montagnes, et j’espère que le ciel sera au rendez-vous.

Justement, côté ciel, pas de certitudes. Quand je passe les premiers lacets,  de gros cumulus encombrent le ciel…

La montée vers le col est agréable, on rencontre vite les premiers névés, et surtout les marmottes, maitresses des lieux. J’ai voulu compter combien j’en voyais sur le bord de la route, mais lorsque j’en suis arrivé à 19 ou 20, je ne sais plus, j’ai arrêté de compter !  Elles sont partout sur le bord de la route qu’elles traversent en sifflant. Et si je ralentis pour les admirer, elles semblent me regarder, moi l’intrus, avec indifférence.

Arrivé au col (2650m), je poursuis par la petite route qui monte à la Cime de la Bonnette (2802m) subterfuge de l’administration locale pour mériter un temps le titre de « route la plus haute d’Europe ». Pour rejoindre le point de rendez-vous, il faut redescendre en contrebas du col sur l’autre versant, celui qui mène à Barcelonnette.

Le rendez-vous se situe à hauteur du Fort du Restefond, à une altitude d’environ 2500m. Je suis le premier sur les lieux, et je constate avec bonheur que le ciel se dégage de plus en plus.

Bernard me rejoint vite, puis Drakkh. Nous décidons de nous installer au-dessus du Fort, dans une petite carrière qui présente le double avantage d’être protégée de la route, et d’offrir aussi un spot où les téléphones portables peuvent fonctionner  (pratique pour prévenir Vincent de notre emplacement!)

Nous commençons à installer le matériel. Bernard a emmené deux dobsons de sa fabrication, un 300 et un 400! Drakkh est lui venu avec son 150mm, et espère imager un peu. Quant à moi j’ai bien sûr sorti mon tout nouveau Orion Optics de 300mm !

Collimation, et autres préparatifs, nous font patienter jusqu’à l’arrivée de Gérald accompagnée de sa charmante épouse. Il est lui aussi venu avec sa panoplie d’imageur: un beau C9 et tout ce qui va avec. Je dois noter que le Dobson OO 300mm est le plus vite mis en place !  Nous voilà presque au complet. Vincent doit nous rejoindre un peu plus tard, il arrivera juste lorsque nous commencerons à observer, et installera son SW 114mm dans la quasi obscurité.

Pendant que nous mangeons un peu, le ciel s’est couvert… Les nuages semblent néanmoins peu agressifs. Oui, mais au bout d’un moment, des questions se posent…  Tiens, une voiture approche, ce doit être Vincent. Ah, ben non. Il s’agit d’un drômois qui vient un peu voir qui est là sur des terres qu’il semble bien connaître. En effet c’est un autre imageur qui vient souvent par ici. Ce soir il est venu avec un objectif bien précis : la nébuleuse de la Patte de Chat, dans le Scorpion. Il va s’installer un peu plus loin pour ne pas nous gêner, sympa ! Bonne idée aussi car il a deux écrans dont un assez imposant. º_º

Le repas se termine, le ciel est toujours assez bouché, lorsque… Vénus fait son entrée en scène !  Et puis, Mars et Saturne.  Les trois planètes sont alignées au dessus d’un gros nuage un peu noir, mais sur un morceau de ciel bleu. Ce sera un bon présage. Le soleil se couche, magnifique spectacle, et puis en quelques minutes, la totalité du ciel se dégage. Les sourires sont de sortie ! La nuit s’annonce sous les meilleurs auspices. 🙂

Les trois sœurs

Puisqu’elles nous ont apporté le beau temps, nous commencerons par rendre visite à l’alignement des trois planètes. De gauche à droite : Saturne, Mars et Vénus.

Je commence par Vénus, qui offre une bien belle phase. La turbulence semble faible. Un passage rapide sur Mars qui nous a quittés depuis quelque temps, et tout le monde se rue sur Saturne. Bernard lâchera le premier commentaire : la vache ! quelle image ! et je suis à 800x !

Tous les regards se portent vers le 400mm, car c’est de lui dont il s’agit.

Un cercle se forme autour du Dobson, et grâce à sa table équatoriale, nous pouvons chacun admirer la belle Saturne. Elle est effectivement d’une stabilité incroyable à ce grossissement. Je compare ce que je vois dans mon 300mm, mais l’image est beaucoup moins stable, sans doute pas encore en température à cause de mon tube plein. Un essai de plus fort grossissement sera effectué mais c’est à 800x que l’image est la plus belle. Nos imageurs se précipitent sur leurs engins. Mauvaise nouvelle pour Drakkh qui n’arrive pas à fixer sa webcam à cause d’un tube qu’il n’arrive pas à desserrer (enfin, si j’ai bien compris…). Le voilà réduit à faire du visuel ! la suite dira qu’il ne le regrettera pas 😉 Après une tentative infructueuse de monter la dite webcam sur le dobson 400, Gérald tirera, lui, le portrait de la belle !

Le ciel du Restefond!

La nuit est maintenant tombée, et le célèbre ciel du Restefond est au rendez-vous! On a peine à reconnaitre les constellations, la Voie Lactée illumine le paysage, l’oeil nu se régale du spectacle.

Début du Festival

A partir de ce moment là, je dois dire que je me suis senti pris d’une sorte de fièvre. Certes, des ciels comme ça j’en avais déjà vu (en quittant un refuge en pleine nuit lors d’une course en haute montagne par exemple)  mais jamais avec un télescope à portée de main. Alors, tout ce que j’avais prévu de faire, et de voir, et bien je l’ai oublié ! Je me suis senti comme un chien fou, sautant d’une chose à l’autre, et s’excitant un peu plus au fil des observations. Et j’ai bien comme l’impression que je n’étais pas le seul ! Bernard a joué les chefs d’orchestre, choisissant les objets les plus magiques (des messiers pour la plupart), les plus beaux, les plus surprenants. On a fait des comparaisons 400-300 et aussi avec le 114 de Vincent ; ne riez pas, il était tout surpris, et fier, de ce qu’il en tirait hier soir ! Doit-on le redire ici ? Le ciel, tout est dans le ciel !

Alors, soyez indulgent, j’ai la tête encore pleine de toutes ces images vues il y a quelques heures, impossible de toutes les décrire, mais je vais vous parler de celles qui m’ont marqué le plus. Et puis mes camarades en ajouteront sûrement d’autres, et au final vous aurez une idée de ce qu’a été notre nuit. Le plus dur va être de ne pas se répéter, de trouver d’autres qualificatifs  que « merveilleux », ou « magnifique ».

Les premiers objets visés se trouvaient dans le triangle d’été (Véga-Deneb, Altaïr) :
M57 : une image magnifique dans mon 300mm, un centre bleu marine, et une centrale aperçue en vision décallée
M27 : elle flottait sur un tapis de million d’étoiles, la centrale visible au 300mm. Au 400mm la structure de l’haltère était d’une incroyable finesse, comme un tissu brodé.
– Dans le Cygne, les Dentelles (Petites, Grandes, et Triangle de Pickering) étaient splendides avec l’aide d’un filtre OIII. Bernard disait : on comprend pourquoi on les appelle « dentelles » ! Un premier regard en grand champ, puis des grossissements sur les structures montraient toute la finesse des dentelles (surtout au 400).
– Et puis la nébuleuse du Croissant, que je n’avais jamais réussi à bien voir au 200, était fabuleuse au 300. Même le prolongement central était évident en vision directe.

L’amas d’Hercule a bien sûr été de la fête. Et là je dois dire que le 300 et le 400 étaient très proches. Bernard m’a même dit : il est bon ton 300 !  Et puis, je n’avais si jamais bien vu la petite galaxie voisine,NGC6207, une belle petite spirale, bien enroulée autour d’un noyau bien brillant !

Mais que dire de M51 !!! Alors là c’est simple, c’est comme si je ne l’avais jamais vue auparavant. Les bras en vision directe, comme le pont de matière : j’avais en mémoire des dessins faits au 600. Une splendeur.

Je n’oublie pas le petit amas globulaire de la Flèche (M71) dont je résolvais le cœur en partie.

Et puis la galaxie de l’Aiguille (4565) si belle et si détaillée, ni les entrelacements de la planétaire de l’œil de Chat, ni M17, magnifique cygne, qui, dans le 400, m’a vraiment rappelé un dessin de Bruno au 495 !

Et le duo M81/82, la Trifide, NGC7009 (aka Saturne),  ah… j’en frémi de bonheur 🙂

Entracte

Et puis tout d’un coup, peu après 2h, les nuages refont surface ! Par le sud tout d’abord, puis l’est, et le reste suivra rapidement. Dès que la Voie Lactée fut cachée, la nuit devint d’un noir profond, intense, preuve s’il en est qu’elle nous éclairait jusqu’alors. Après un peu d’attente, nous décidâmes de prendre un peu de repos. En espérant se préparer pour le final.

Final

Sur le coup de 4h, les nuages nous laissèrent quelques brèches dans le ciel. Juste assez pour Jupiter et la Lune. Jupiter était, comme Saturne la veille, d’une belle stabilité. Au 300, la large bande équatoriale, et les plus petites justes au-dessus, ainsi que les pôles, étaient bien visibles à 300x. Quatre satellites bien alignés l’encadraient (3 d’un côté, un des l’autre). Une bien belle Jupiter.

Enfin, pour clôturer le spectacle, vers 4h30 un merveilleux petit croissant de Lune se lève au milieu d’un halo qui adoucissait son image. A 200x, la lumière rasante sur le terminateur était sublime. Même la Lune s’était mise au diapason.

C’est sur cette image que notre nuit se termine.  Drakkh et Vincent nous quittent vers 6h pour aller travailler (!), la tête pleine d’images merveilleuses.  Alors que les trois heureux vacanciers finissent cette belle nuit devant un café chez Bernard, à StEtienne-de-Tinée.

Quelle nuit mes amis ! Je vous en souhaite d’aussi belles.

L’embrasement

embrasement (n.m.)

1.(littéraire)vive et complète illumination.

synonymes

embrasement (n.m.)

agitation, ardeur, attisement, bouillonnement, clarté, conflagration, désordre, effervescence, exaltation, excitation, fermentation, feu, flamboiement, illumination, incendie, passion, rougeoiment, trouble.