Une belle vie

Il s’en est allé, sans prévenir, discrètement. Ce sont les autres qui en ont fait un évènement, ceux-là même qui l’avaient exclu, censuré, oublié. Les nouvelles générations ne le connaissent pas, c’est étrange d’être un inconnu dans un monde que l’on a tant défendu.  Pourtant, il n’était pas loin, juste là au bout du chemin qui monte vers le village, là où les cloches de l’église rythment la vie, là où l’authentique ignore le look, là où l’on boit un verre entre amis sur la place du village, un verre qui remplit les coeurs, qui nourrit ceux qui vivent une “vie moderne” comme le dirait Depardon. Une belle vie en somme. Jean Ferrat aimait cette vie. Au milieu de ces montagnes, il a vécu ce qu’il a chanté: l’amour, l’engagement, la poésie, l’amitié. Comme beaucoup, cette voix a accompagné ma vie: elle m’a parlé de l’holocauste, m’a fait découvrir Louis Aragon,  m’a expliqué le monde que je découvrais, et m’a surtout parlé d’amour. C’est cette voix que je voulais entendre le jour de mon mariage, et elle n’est jamais sortie de ma mémoire.

jp