La beauté se dessine en silence

17 décembre 2009.

Ce nouvel épisode de mes randonnées de décembre commence ce matin à 4h45 lorsque mon réveil interne me réveille pour aller voir le ciel. C’est un de ces matins où j’ai l’impression d’être réveillé par les astres. Et à peine dehors je comprends pourquoi : un vrai Atlas du Ciel vivant ! Je comprends aussi très vite qu’il ne fait pas chaud… le thermomètre affiche -10°. Je regarde ce ciel, comme ça, à l’œil nu, pour le plaisir. Le Grand Chien, Orion, et le Taureau se couchent, les Gémeaux semblent danser à l’étage au dessus, la Licorne, elle, plonge vers Orion. Je contemple, j’imagine les objets à voir, je pense à cette liste d’objets que je veux voir avant la fin de l’année. Mais pas le temps de sortir le matériel, je dois partir tôt ce matin, je prends rendez-vous pour le soir même.

20h. Le ciel est magnifique, la nuit est annoncée claire. Il fait déjà -8°. J’ai quelques idées de balade et une thématique « nébuleuse planétaire ». La neige crisse sous mes pas, j’aime ce bruit. Le tube est en place, je pointe ma première cible, un duo dans Céphée : NGC 6939, un amas ouvert, et NGC 6946 une galaxie toute proche. L’amas est assez ramassé, une sorte d’amas  globulaire (un peu comme M52 ou M37), on dirait que ses étoiles sont de même magnitude, l’ensemble est très fin, doux, discret, et fort joli au 13mm. A peine plus loin se trouve la galaxie. Je devine une nébulosité en vision directe, mais ne la vois bien qu’en vision décalée, sans pour autant distinguer une forme bien précise ; mais l’ensemble (amas + galaxie) vaut le détour, et tient dans le champ du 13mm.

Je remarque soudain qu’une petite bise souffle de manière irrégulière, d’où la mise au point difficile. La turbulence est aussi notable. Le ciel si clinquant se révèle plus difficile qu’il n’y parait…

De là, je veux aller voir NGC 7008, la nébuleuse planétaire du Fœtus dans la constellation du Cygne. A mi-chemin entre Deneb et Alderamin je la localise facilement. La vision au 13mm est magnifique, une double « albireo-esque » bleue et jaune et juste au-dessus un petit nuage bleu dont la forme allongée rappelle effectivement celle d’un fœtus. La chose est encore plus évidente au 7mm, mais la turbulence est décidément gênante ! En tout cas une bien belle vision que cette 7008 !

Puisque je suis dans le quartier je passe voir une autre belle planétaire : la Blinking, NGC 6826. Je la trouve facilement, mais la turbulence semble s’accentuer. Au 7mm je vois la centrale mais n’arrive pas à la mettre au point. Néanmoins l’effet « blinking » est bien présent : en alternant visions décalée et directe, la centrale et la nébulosité alternent, c’est toujours rigolo à voir. Mais la bise se mêle de la partie, et rend l’observation délicate.

Je me dirige alors dans la Baleine pour voir une autre nébuleuse planétaire NGC 246 qui, elle aussi, est proche d’une petite galaxie NGC 255. Las, la Baleine est assez basse et la turbulence fait rage, je ne parviens pas à distinguer quelque chose avec certitude. Je crois avoir aperçu la planétaire mais transparence et turbulence me rendent la tâche difficile. J’abandonne.

La bise forcit, les mélèzes donnent une impression de ressac un peu curieuse lorsqu’on a les pieds dans la neige ! Avant de quitter la Baleine je passe voir la galaxie M77. Elle se montre facilement, j’aime beaucoup la voir avec delta dans le même champ. Au 7mm, M77 se montre néanmoins discrète, je distingue le noyau et une nébulosité, sans autre détail.

Le ciel me parait de moins en moins transparent, et la turbulence de plus en plus forte. De plus, la bise commence aussi à rendre les choses difficiles, et à me geler les extrémités : je ne sens déjà plus mes pieds malgré deux paires de chaussettes…

Pour vérifier mon impression, je passe voir les galaxies M31 et M33. C’est bien ça, le ciel est de plus en plus difficile. M33 reste quasi-invisible, et M31 a des airs de M33 lorsqu’elle est en forme ! J’ai de plus en plus froid aux pieds…

Direction Orion, et une autre planétaire NGC 2022. Elle se situe dans le « chapeau » du guerrier, entre Bételgeuse et la pointe. Au 13mm, elle ne me saute pas à l’œil. Mais dès que je grossis avec le 7mm (143x) elle apparaît bien, plutôt grosse, ovale, bleu sombre, sans d’autre détail, là aussi la turbulence est pénible. Je repasse le 13mm et vois bien 2022 maintenant, mais au premier abord, ça n’est pas évident. Belle planétaire que je vois pour la première fois. Comme quoi il n’y a pas que M42 dans Orion ! D’ailleurs je passe voir aussi NGC 2186, amas ouvert au large de Bételgeuse. Il faut reconnaître qu’il est plutôt petit, et discret. Ses étoiles sont peu concentrées et j’en dénombre une vingtaine au bas mot.

La bise se renforce encore. Les -8° doivent maintenant en valoir -12°. Mes pieds me font souffrir. Je décide d’arrêter là. Ce ciel pourtant magnifique à première vue, se sera avéré assez moyen finalement : transparence médiocre et turbulence tenace. Mais j’ai bien aimé le duo de Céphée (6939/6946), le Fœtus, et 2022 dans Orion, sans oublier la Blinking du Cygne. Une belle soirée quand même, quand la presque totalité de la France est sous les intempéries !

Merci de m’avoir lu !

jp