Le Bloc-Notes

Bonjour à tous,

Je l’ai trouvé il y a quelques temps, au fond d’une malle, ce petit recueil d’observations, ce petit carnet ; à le voir comme ça, il ne paye pas de mine : sur la couverture rouge, comme un titre, « Bloc-Notes » est écrit en blanc bien au centre. J’ai passé une bonne partie de l’été à observer avec ce bloc-notes comme seul guide. L’écriture est fine et régulière, l’encre bleue a viré au noir par l’effet du temps. En haut de la première page, une date : 22 juillet 1960.

Comme ses notes le montrent, l’auteur du bloc-notes aimait le ciel profond : étoiles doubles, nébuleuses, amas, galaxies, se succèdent page après page. De temps en temps une planète quand même ; en cet été 1960, Jupiter et Saturne étaient de la partie. Et puis, entre les notes, des petits dessins montrant la position des étoiles dans les amas, les distances angulaires (très précises) des étoiles doubles, la position des satellites de Saturne ; des dessins quasi-géométriques, d’une précision mathématique. Quelques croquis de nébuleuses aussi, moins précis mais donnant une bonne idée de l’ensemble. J’ai donc trouvé dans ces lignes beaucoup d’information, beaucoup de détails. Ces observations de 1960 ont été réalisées avec un Newton de 210mm, sur monture équatoriale à berceau, optique et monture « maison ». Un instrument avec un diamètre proche du mien, ce qui a rendu les notes encore plus intéressantes.

Les étoiles doubles m’ont principalement attirées. Il est vrai que j’en observe peu, ou bien les plus connues (Albiréo, Mizar,…) mais ces notes m’ont donné envie d’y consacrer un peu plus de temps, même si mes oculaires ne sont pas toujours adaptés pour cet exercice… Et puis, j’ai découvert, se faisant, que les étoiles doubles sont une belle activité pour les soirs de Lune. Les cibles que m’indique le bloc-notes se trouvent dans les constellations de l’été : Cygne, Aigle, Lyre, Serpentaire, Scorpion. Mais la première que je remarque à la page du 28 juillet, c’est… la Polaire ! Et oui, je l’avais oublié, l’étoile Polaire est une étoile double ! Comment oublier cette étoile avec laquelle commencent toutes mes observations, que je vise pour orienter ma monture équatoriale mais que je ne regarde jamais dans un oculaire ? Je répare cette erreur au plus vite : une belle étoile blanche-jaune que cette Polaris ! Je la dédouble facilement pour voir sa petite copine apparaître, magnifique duo. La compagne semble avoir des reflets rosés ce soir-là. Je reste un moment à observer ce spectacle, on cherche parfois des choses bien loin, alors qu’elles sont à portée de l’œil !

Tout heureux de cette (re)découverte, je me dirige vite vers le Scorpion qui, sinon, sera rapidement trop bas. J’ai relevé trois étoiles doubles sur le bloc-notes : Beta, Nu, et Zêta. Beta se dédouble facilement : une principale assez grosse, blanche, et juste en dessous une toute petite secondaire jaune ; l’ensemble fait plutôt penser à une petite planète et son satellite. A environ 2° à l’ouest de Beta, se trouve Nu, j’en profite pour faire le détour et essayer de la dédoubler. Je n’y parviendrais que partiellement, n’ayant pas de grossissement suffisant. A 100x (tout ce que je peux faire ce soir-là) je vois une forme allongée qui laisse entrevoir les deux compagnes, mais il m’aurait fallu grossir plus pour les voir distinctement. Ma dernière cible dans le Scorpion est Zêta, mais là je reste perplexe ?! L’auteur du bloc-notes l’a observée un 9 août, et l’heure de début d’observation est 19h30. En 2009, ça fait certes du 20h30 (pas d’horaire d’été en 1960) mais ça reste bien trop bas pour moi pour que je puisse voir la queue du Scorpion qui m’est cachée par une montagne. L’observateur de 1960 était en bord de mer, donc il a pu la voir, mais elle devait quand même être très basse sur l’horizon…
Avant de quitter le Scorpion, je repasse par Antarès, pour de là remonter doucement sur Rhô du Serpentaire, environ 3° au nord d’Antarès ; Rhô est si proche d’Antarès que l’on croirait qu’elle appartient au Scorpion, mais c’est en fait l’étoile la plus méridionale du Serpentaire, au milieu de la nébuleuse IC4604. Malheureusement, je ne verrais pas la nébuleuse à cause de la Lune, et ne serais pas plus chanceux avec l’étoile double. Mon « indicateur » précise l’avoir dédoublée à 320x. Dommage. Cette chasse aux étoiles doubles va changer ma gamme d’oculaire c’est sûr, et j’y retournerai.

Pour échapper un peu à la présence pénible de la Lune, je décide de prendre de la hauteur, et me dirige vers la Lyre. Toujours en suivant les indications du bloc-notes, je décide d’aller voir l’alignement des trois étoiles doubles de la Lyre, j’ai nommé, du nord au sud : Epsilon, Zêta, et Beta (aka Sheliak). Le ciel est vraiment meilleur au zénith, Vega est, comme toujours, en très grande forme ! Le double effet d’Epsilon est un vrai régal, séparation facile du premier étage (Epsilon-1 et Epsilon-2), puis séparation de chaque Epsilon à 100x, le ciel était décidemment pas mal dans ce coin ! La position des deux duos, horizontal pour Epsilon-2 et vertical pour Epsilon-1, rend le spectacle encore plus unique. Après avoir bien pris le temps de savourer Epsilon, je descends de 2° pour m’arrêter sur Zêta (bien pratique le NLVW 30mm pour ça, il me donne juste 2° de champ !). Zêta est semblable à Béta du Scorpion, mais inversée : la principale plus grosse et bien blanche est en dessous de la petite naine, blanche aussi, qui semble comme en équilibre sur sa grande sœur ! Je m’amuse de cette vision. Puis je continue ma route en direction de Sheliak, pour m’arrêter sur ce mini-amas ouvert constitué de 4 étoiles, dont l’une est double. Sheliak, bien plus lumineuse que ses compagnes, est au centre de l’ « amas ». Le PSA indique qu’il s’agit aussi d’une étoile variable. Une fois dédoublée, le petit système de cinq étoiles a un charme fou, surtout par la disparité des tailles des étoiles, des petits points délicats entourant Sheliak, deux en dessous, un au dessus, l’ensemble est très joli. Bien sûr, je ne quitte pas les lieux sans un petit coucou à la voisine M57. Très fine et légère ce soir-là, une merveille de petit rond de fumée.

Un autre soir, je m’intéresse au Cygne. Au programme de mon guide de l’été : Delta, Tau, 61 et 52. Des étoiles doubles plus difficiles à dédoubler, qui demandent de forts grossissements. Mais malgré quelques échecs, j’ai apprécié de passer des heures à fouiner cette constellation si riche, en évitant pour une fois les vedettes habituelles.

Un autre jour j’irai voir Pi de l’Aigle, petite double dans le voisinage d’Altair, et puis Alya extrémité septentrionale du Serpentaire, ou bien Gamma du Dauphin un peu plus à l’ouest. Je reste dans le quartier toute la soirée, en sautant d’une étoile à l’autre. Je découvre une autre façon d’observer, en évitant les « circuits touristiques » !

Et puis, il n’y a pas que des doubles dans ce bloc-notes. J’ai aussi découvert des nébuleuses planétaires comme 6572 dans le Serpentaire, ou 6818 dans le Sagittaire, et des tas d’autres objets dans leur voisinage immédiat. Par exemple, je suis fasciné par tous les objets que je découvre dans un carré de 5° de côté, au sud-est de 6572 : trois étoiles doubles, deux amas ouverts, un globulaire, et l’étoile de Barnard. Excusez du peu !

Voilà mes observations de l’été (en dehors des soirées découvertes pour les copains). J’ai bien aimé mon petit bloc-notes, il m’a fait (re)découvrir des objets (comme les étoiles doubles) et a changé un peu ma vision des choses en explorant de manière plus détaillée le ciel, en dehors des chemins battus des catalogues officiels. Mais, surtout, pendant tout l’été, le soir venu, j’avais 7 ans, l’âge que j’avais cet été 1960; et j’observais le ciel avec l’auteur du bloc-notes, mon père. Une chose simple, que je ne peux plus faire depuis un quart de siècle ; et qui me manque.

jp

Quelques commentaires sur le web

Un nouveau départ

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Bonjour à  tous,

J’ai voulu faire de cet espace quelque chose de différent. On n’y verra plus seulement des photos. Mais on pourra aussi y lire des textes, des opinions; et même voyager dans le temps par le biais de l’astronomie. En somme, des témoignages sous diverses formes. J’ai aussi voulu une présentation moins structurée, moins hiérarchisée. C’est à vous de trouver le fil, de suivre vos envies du jour ou du moment. Fouillez, avancez, reculez, les dates ne sont que des repères visuels, elles n’ont d’importance  que pour celui qui écrit. Pour le lecteur, ce qui compte ce sont les mots, les idées, les images.

Et puis, laissez-moi des messages pour me dire ce que vous en pensez. A bientôt !

Joel Alan
13 mai 2009

The Windy City

Chicago est une des villes les plus attachantes des Etats-Unis. C’est une ambiance urbaine unique, une architecture variée et surprenante, la modernité, mais aussi une certaine nostalgie des années 50; c’est aussi les plages de sable sur le lac Michigan et les boites de jazz et surtout de blues. Quand on se promène dans la “loop”, on pense aux Américains de Robert Frank, ou à la prohibition de Weegee, et si on entre dans Union Station on entre immédiatement dans un film d’Hitchcock. Quelques images issues du livre Vie américaine:

Le calme avant la saison.

Quelques images d’un reportage sur Hyères-Les-Palmiers, la célèbre station balnéaire varoise, haut-lieu de la voile. Sous une lumière de fin d’hiver, on y ressent la fin d’une phase de calme, et les prémices des mouvements à venir. Le soleil chauffe déjà, les couleurs se mettent en place, les volets vont se rouvrir et les foules réinvestir les lieux…

Déco.

Un travail de commande sur une décoration intérieure.

Couleurs, matières et lumières.

Plantes vertes et compositions florales.

Les enneigeurs.

Entre rentabilité des stations de ski et protection de l’environnement, entre survie des vallées de montagne et épuisement des ressources aquifères, l’enjeu est d’importance. Les “enneigeurs”, moins poétiquement appelés “canons à neige”, poussent comme des champignons dans nos montagnes. Dés les premiers froids, ils transforment 1 mètre cube d’eau en 2 mètres cubes de neige, et ce… même sous le soleil! Images étranges.

Nuages.


Un travail trés intéressant sur les “formes humides” qui passent au-dessus de nos têtes. En perpétuelle évolution, il est toutefois possible de classer ces masses plantureuses, et parfois menaçantes, en une dizaine de catégories appelées “genre”.

Chacun des divers processus de formation donne des formes particulières et est pris en compte dans la classification.

L’altitude d’un genre nuageux est fortement influencée par la structure thermique de l’atmosphère. Elle varie donc avec la latitude, la saison, la situation météorologique et même l’heure de la journée.

Rencontres en Arles.

C’est ce moment de l’année pendant lequel les photographes se rencontrent en Arles pour échanger, partager, discuter, en un mot vivre ensemble leur passion de la photographie.

Dans les lieux les plus étonnants, partout des photos, de l’intensité, et du bonheur de découvrir le travail des autres.

Et puis, tout autour, les paysages pastels de la Camargue, ce lieu magique qui inspire les rencontres.