Parler de ses lectures, c’est déjà les aimer.
Depuis que je t’ai parlé du bouquin, un A-R à Paris en TGV m’a permis de le finir. Je peux donc te dire ce que j’en pense après coup. Je l’ai lu avec plaisir, quasiment d’une traite, preuve s’il en est que le style est agréable. La technique d’écriture est pourtant surprenante au premier abord, les dialogues en particulier, sans guillemets ni tirets, seule une majuscule au milieu d’une phrase qui vient signaler la parole dite. Par contre, les retours à la ligne impromptus pour suggérer la parole coupée par un autre personnage sont une belle idée je trouve. Bref, l’écriture est donc surprenante mais intéressante (c’est le deuxième livre que je lis en peu de temps dont la technique d’écriture est partie prenante de l’histoire – le “Charlotte” de David Foenkinos est époustouflant à cet égard).
La manière dont LS parle de sa mère ne m’a pas déçu, c’est dans la lignée de “Sept femmes” qu’elle a écrit un an auparavant, on y sent presque une continuité. Mais cette idée de mettre en parallèle ce que Bernanos découvre de pire dans cette révolution et le bonheur enfin exprimé de sa mère pour la même période est sublime. C’est donc également un essai sur la mémoire, ce que l’on est capable d’occulter pour ne retenir que l’important à nos yeux, les catalyseurs (une musique, un regard, un toucher) que l’on peut associer à nos souvenirs et qui les magnifient dans un sens comme dans l’autre. Cet exercice-là est inattendu et fascinant.”
jp