Pas Pleurer

Parler de ses lectures, c’est déjà les aimer.

“Le style m’a de suite accroché, et puis le parallèle entre Bernanos et le souvenir de la mère de Lydia Salvaire m’intéressait en soi: d’abord parce que j’avais lu d’elle “Sept femmes”, sept portraits intimistes de femmes écrivains, dont la justesse et le ton passionné présageait quelque chose d’intéressant à propos de sa mère. Et puis, Bernanos; c’est un auteur que je n’ai jamais lu mais qui m’a toujours intrigué, depuis longtemps, ne serait-ce que par les commentaires que j’en ai lu/entendu ou les gens qui m’en ont parlé. Si je n’ai jamais franchi le pas c’est probablement à cause de la réputation “difficile” de son oeuvre. Mais, je vais maintenant lire “Les grands cimetières sous la lune” enfin! Il y avait donc pas mal de raisons pour moi de lire ce livre.

Depuis que je t’ai parlé du bouquin, un A-R à Paris en TGV m’a permis de le finir. Je peux donc te dire ce que j’en pense après coup. Je l’ai lu avec plaisir, quasiment d’une traite, preuve s’il en est que le style est agréable. La technique d’écriture est pourtant surprenante au premier abord, les dialogues en particulier, sans guillemets ni tirets, seule une majuscule au milieu d’une phrase qui vient signaler la parole dite. Par contre, les retours à la ligne impromptus pour suggérer la parole coupée par un autre personnage sont une belle idée je trouve. Bref, l’écriture est donc surprenante mais intéressante (c’est le deuxième livre que je lis en peu de temps dont la technique d’écriture est partie prenante de l’histoire – le “Charlotte” de David Foenkinos est époustouflant à cet égard).

La manière dont LS parle de sa mère ne m’a pas déçu, c’est dans la lignée de “Sept femmes” qu’elle a écrit un an auparavant, on y sent presque une continuité. Mais cette idée de mettre en parallèle ce que Bernanos découvre de pire dans cette révolution et le bonheur enfin exprimé de sa mère pour la même période est sublime. C’est donc également un essai sur la mémoire, ce que l’on est capable d’occulter pour ne retenir que l’important à nos yeux, les catalyseurs (une musique, un regard, un toucher) que l’on peut associer à nos souvenirs et qui les magnifient dans un sens comme dans l’autre. Cet exercice-là est inattendu et fascinant.”

jp